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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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17 février 2017

"Je me suis cherché moi-même" - journal, 17 février 2017

 

Tel qui lit rapidement les articles publiés sur ce blog pourrait penser que j'adhère intégralement aux idées que je développe ici ou là, me confondant avec ce que j'expose, kunique un jour, héraclitéen un autre, volant et voletant de thèse en thèse, jamais en place ni en assiette. Il n'en est rien. Simplement je mets toute ma vigueur intellectuelle à comprendre correctement les auteurs, à développer une sym-pathie, une affinité avec leur thymos et leur logos, à pénétrer en psychologue dans leur univers mental, autant qu'il est possible, et d'en tenir "registre" comme dirait Montaigne, pour l'exposer au lecteur, sans artifice ni trahison. Ces penseurs sont des hommes infiniment estimables, et s'ils se trompent, s'ils errent parfois dans des marécages de contradictions et d'illusions, c'est encore avec une sorte d'honnêteté au second degré, qui mérite considération. Au fil du temps, après de longues années en leur compagnie, on finit par les aimer malgré eux, tant ils occupent nos pensées, sollicitent notre intelligence, et souvent nous soutiennent dans les moments difficiles. Bien sûr il ne faut pas prendre pour argent comptant leur faconde, quand ils nous parlent du Souverain Bien, du Sage et autres idéaux poussiéreux : on y lira en creux la difficulté de vivre, le désespoir serein d'un esprit qui lutte contre l'effondrement et se donne une image de la vie désirable, qui n'est pas forcément la vie réelle. Ce sont des constructions d'artiste qui ont pour fonction d'embellir la vie. La vérité n'est jamais dans ces images, elle est à chercher dans l'envers du décor, dans ce qui n'est pas dit, mais qu'on devine, qu'on reconstruit en filigrane : chez Epicure par exemple c'est le Phobos qui est le fondement, la source universelle de sa pensée, ce contre quoi s'édifient les murailles escarpées de la "sagesse". Chez Descartes c'est le sentiment envahissant d'incertitude - que l'on retrouve dans le thème du doute et du malin génie "qui s'ingénie à nous tromper", et de là toutes les affirmations sur  la connaissance assurée. On pourait continuer, convoquer les Stoïciens, les kuniques, Kant, Rousseau etc. Mais peu importe. Ce soupçon que je développe ici est assez évident à un bon lecteur qui ne se contete pas de lire, mais qui cherche à entrer dans les arcanes d'une pensée, qui est toujours la manifestation indirecte d'une sensibilité et d'un tempérament.

Lire les philosophes c'est voyager dans les profondeurs de l'âme humaine. C'est se frotter à ce qui n'est pas soi, pour tenter, par contaste, de mieux de chercher soi. Encore que cette quête ne soit qu'indirecte, et ne puisse remplacer l'observation de soi par soi.

Je parle de mes amis, car, je le confesse, il est des philosophes, assez nombreux d'ailleurs, dont je ne puis comprendre la démarche, qui n'éveillent en moi aucun écho, dont les préoccupations me sont totalement étrangères. Je ne perds pas mon temps à les fréquenter puisque mon projet n'est pas de savoir, de culture, mais de vérité.

Il m'arrive enfin de m'exprimer en mon nom propre. Parfois sous la forme d'une rapide incidente en fin d'article, modeste, mais assez appuyée pour signaler une prise de position personnelle. Encore faut-il la remarquer. D'autres fois je me mets tout nu dans un article original, contant des épisodes de ma vie, évoquant des personnages de mon enfance, décrivant quelque paysage d'autrefois, ou des souvenirs de voyage. En toutes ces choses c'est l'impression qui m'intéresse, non l'exactitude objective. "Weltinnenraum" disait Rilke : l'espace du monde intérieur, qui absorbe et modèle le monde extérieur. Intériorité : accueil, réceptivité, impression, intériorisation.

En fait il ne m'est pas du tout facile de parler de moi. Je le fais cependant, parfois, pour ouvrir les vannes, décharger l'affect qui m'embarasse, qui me surcharge, qui obstrue. Si la Muse ne m'avait abandonné depuis longtemps, j'écrirais de la poésie. Mais pour la poésie il faut un esprit clair, un oeil qui voit. Chez moi tout est confus, mêlé, obscur et divagant.

Pourtant je vais mon chemin. Jeune, je ne pensais pas atteindre la cinquantaine. Et voilà que je l'ai largement, copieusement dépassée. Je m'étoone tous les matins d'être là, devant mon écran, et d'avoir tant à écrire. C'est ma petite, ma grande fête quotidienne. Puisse-t-elle être, également, la vôtre !

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