POEME pour OEDIPE
Oedipe avait un oeil en trop peut-être
Il n' a pas vu pourtant l'heure venir
Où sonnerait le glas au nombre d'or.
Ce qu'il a enduré, ce héros tragique entre tous
Nul ne peut le saisir ni le comprendre
Et les dieux mêmes se détournent de lui.
Assis sur un rocher près de Colone
Dans le bosquet sacré réservé d'Aphrodite
Encor sans le savoir il brave l'interdit
Et le gardien du lieu le chasse à coups de pierre.
Quoi qu'il fasse il est toujours à contrejour
A ne pas voir ce que voient tous les autres
A s'étonner de sa propre route
Qui toujours le conduit aux Enfers.
Il est né "étonné"
Et son étonnement n'aura de fin que le soir
Où la Parque l'entraînera vers l'innomable
Hadès qui fixe à tout mortel sa borne.
Résigne toi mon coeur à vivre d'errance
Le savoir ultime de l'aube et du couchant
Laisse-le, confie-le à la féconde Nuit.
PS Le lecteur attentif aura reconnu dans le premier vers une citation de Hölderlin. En fait tout le poème est une sorte de méditation sur des thèmes communs à Sophocle (Oedipe à Colone) et au Hölderlin des Hymnes et des poèmes de 1806. Cela n'enlève rien à la singularité de cette méditation en laquelle je révèle peut-être l'essence de ma sensibilité fondamentale. Mais comment dire cela sans la médiation du langage, et dans mon cas, si ce n'est dans la résonance intérieure de la plus haute poésie?