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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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2 mars 2023

TEMPORALITE PSYCHIQUE

 

Quelques remarques sur la temporalité psychique :

Premier temps : l'existence est organisée autour du primat de l'ignorance, qu'il faut entendre comme la méconnaissance originelle de nos conditionnements. C'est le règne de dukkha, soif et insatisfaction, avec leur caractère de répétition aveugle. Samsara.

Deuxième temps : supposons une lassitude, une exaspération, un dégoût envers cet état douloureux. Une opposition apparaît, une dualité s'installe dans la conscience, une tension. Toutes les énergies sont mobilisées pour supprimer les attachements anciens, pour réaliser une extinction des anciens désirs. Nirvâna.

Troisième temps : supposons atteintes cette extinction, cette libération. Que se passe-t-il ? Le monde est toujours là, les désirs, les passions, les constructions mentales et tout le carnaval du samsara. Ce qui a changé c'est le positionnement du sujet, capable d'une distanciation critique : "je n'y suis plus, je n'y crois plus". On peut soutenir à bon droit que samsara et nirvâna sont à la fois opposés et identiques. Certains ont même pu dire : le nirvâna c'est le samsara. Mais cette dernière formulation me semble fallacieuse, du moins si on la prend au pied de la lettre. Il faut maintenir la différence sans verser dans un dualisme excessif qui risquerait de faire rêver d'un autre monde paradisiaque et idyllique où nul n'a jamais abordé. Le terme de nirvâna lui même, que Bouddha utilise fort peu, donne prétexte aux plus folles spéculations, ce qui est tout à fait renversant si l'on songe qu'il définit tout à l'inverse un processus de déconstruction du désir. Nirvâna est un terme négatif qui signifie simplement extinction, avec l'image concomittante d'une flamme de bougie qui s'éteint. Ce qui s'éteint c'est une certaine exagération de la soif, de l'aversion et de l'ignorance, préludant à une forme inédite de liberté.

Ajoutons ceci : se libérer de tout pour s'attacher au nirvâna, à sa quête et à son culte, c'est déshabiller Paul pour habiller Pierre. On remplace une inféodation par une autre. C'est peut-être mieux que de barboter dans les passions médiocres ou infâmes, mais ce n'est pas encore la liberté de l'esprit. Il faudra tôt ou tard se libérer du nirvâna lui-même.

Quatrième temps : Toutes ces notions dont nous aurons eu besoin pour comprendre et avancer, apparaissent enfin pour ce qu'elles sont : des béquilles, des tuteurs, des modèles théoriques, des concepts, qui peuvent devenir fort encombrants. Vous connaissez la parabole de Bouddha : s'il faut un radeau pour atteindre l'autre rive il serait comique que le passeur continue, arrivé sur la berge, à porter le radeau sur son dos. La pensée est utile mais il y a un au delà de la pensée.

 

Il serait intéressant de mettre ces idées en parallèle avec la pensée et la pratique de Pyrrhon, maître du non-attachement et de la suspension des croyances.

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