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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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11 janvier 2023

PAGANISME

 

Le résultat patent de l'éducation religieuse, chrétienne et conventionnelle, que je reçus dans mon enfance, fut de me jeter dans les bras du paganisme. Oui, paganisme plutôt qu'athéisme si l'on estime que l'athéisme s'épuise dans une négation pathétique de Dieu. Bien sûr je ne songeais nullement à restaurer le culte de Zeus, de Dionysos, ou de quelque divinité gothique. Mon paganisme à moi était plutôt sensuel, esthétique, poétique. J'étais plus que lassé de cette haine du corps, de cette opprobre jeté sur les choses du sexe, de cette pudibonderie moisie qu'on nous donnait comme idéal de vie. Il me semblait que dessous le cache obscène de la religion je pourrais renouer avec un autre style de vie, plus libre, plus riche de sensations, de vibrations, de vérité. Comme dit Goethe :

               "Et fraîche vie, et sang nouveau

             Je les puise d'un libre monde !"

Goethe, en effet, me plaisait : il n'avait pas été corrompu par le christianisme, conservant contre vents et marées une heureuse disposition de nature, comme les héros d'Homère, qui sont simplement, résolument ce qu'ils sont, sans chercher à s'amender, à se corriger, à se conformer à des idéaux extérieurs, et sans jamais se condamner eux-mêmes au nom d'une faute imaginaire. Paganisme désignerait dès lors une manière d'être, un style profondément ancré dans la nature, dont les puissances tutélaires et dangereuses s'exprimaient traditionnellement dans les dieux du polythéisme, et quand ces dieux sont morts, dans la généreuse vitalité d'une existence libre et dans la prolifération esthétique.

Que tout cela nous semble loin aujourd'hui ! L'esprit du temps, pour moi qui ai connu des époques plus libres et gaillardes, ah, comme il est petit, raccorni, pesant, angoissant, caccochyme et renfrogné ! Entre deux catastrophes, climatiques ou géopolitiques, nous tentons de relever la tête, avant le nouveau coup ! Diable ! Est-il donc devenu impossible de vivre ? Bon ! Mais pourquoi ferions-nous de l'esprit du temps notre propre esprit ? Souvenons-nous d'Epicure : "La nécessité est un mal, mais il n'y a aucune nécessité de vivre avec la nécessité". A son époque la vie n'était certes pas plus facile, ballottée sans fin entre les potentats qui se font la guerre. Et Goethe a failli être assassiné par un soldat français, lors de l'occupation violente de sa maison.

L'époque est ce qu'elle est. On ne peut s'en abstraire complètement pour vivre dans quelque thébaïde forestière. Et encore, pourquoi pas, si on supporte la solitude prolongée. Mais même dans l'extrême solitude on peut avoir l'esprit encombré. Il vaut mieux écouter ses vrais besoins, ses vrais désirs, épouser consciemment sa propre nature, la développer selon sa logique interne. En somme vivre intérieurement, dans le postmoderne apocalyptique, comme vivait l'indécrottable païen, enfant de la nature, amoureux des corps et de la beauté.

 

 

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Les Celtes avaient tout et puis le christianisme est arrivé comme un virus pour détruire cette vitalité du corps justement.
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