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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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10 septembre 2019

DU REVE COMME PROCESSUS DE SYMBOLISATION

 

Le rêve est une tentative de symbolisation, mais sur un mode volontiers ambigü, incomplet, imparfait. Dans cette divagation ébouriffée, foisonnante et absurde, on peut ne voir que le jeu du hasard, ou à l'inverse du plus strict déterminisme. Mais cette idée ne résiste pas à l'examen, notamment si l'on considère les rêves répétitifs qui mettent en scène des situations d'angoisse ou d'échec : il faut bien admettre qu'il y a là un travail psychique, une sorte de perlaboration, mais qui échoue. Le sujet est immergé dans un conflit qu'il expose en images, et parfois en mots, sans parvenir à inventer une issue satisfaisante. Si d'aventure cette issue se présente à lui, les rêves répétitifs cessent. L'inconscient va se promener ailleurs, former d'autres combinatoires.

On peut faire un rapprochement avec les récits des traumatisés qui évoquent interminablement les situations affreuses qu'ils ont vécues, avec les mêmes images terribles, les mêmes mots, parfois des années durant sans le moindre changement. On dira : ils parlent, mais cette parole est comme scellée, en dépit de son abondance et de sa redondance. Ils parlent, mais ils ne parviennent pas à dire. Evoquer la douleur, le chagrin, le deuil ne suffit pas. D'autres se lancent dans la rédaction de livres, ou vont témoigner à la télévision. Ils disent que parfois ils en retirent quelque soulagement, mais sur le fond rien ne bouge. Ils s'efforcent de symboliser l'horreur, mais tout se passe comme si l'horreur résistait à la symbolisation, peut-être parce qu'on décrit les choses comme des faits externes (ce qui nous arrive) et non l'expérience intérieure d'un déchirement, d'une mutilation qui emporte une partie du corps et du moi. Parler de cela, le thématiser est très difficile, il y faut beacoup de temps, et de toute manière il en restera des traces, comme des blessures ineffaçables.

C'est reconnaître que la symbolisation, qui est en principe la voie royale de guérison, est parfois inopérante, et peut-être toujours incomplète. Et si, après un profond travail de symbolisation, nous continuons à rêver c'est sans doute que nous sommes toujours en retard d'une séquence, et que le psychisme est condamné, pour garantir l'équilibre de la vie, à tenter de ratrapper, de réaménager, de retravailler les données de la perception, les événements, les conflits, les situations de crise. Travail interminable et nécessaire. Le rêve y contribue puissamment, mais le plus souvent à notre insu, nous gratifiant parfois, d'une belle image, ou d'un beau symbole, où nous croyons lire, enfin, le secret de notre destinée.

Et si le rêve manque à nous instruire n'hésitons à créer, de notre chef, ce symbole manquant : il viendra clôturer la série qui s'effilochait à l'infini - comme ces propos de schizophrènes qui tournent inlassablement dans le vide, sans rien nommer, sans rien signifier, papillons affolés, exténués - il faut scander, il faut rompre. Le sens ultime (?) nous échappera toujours, la vérité sera toujours incomplète, le réel insistera toujours comme une puissance insondable, mais c'est leçon de sagesse de savoir clore.

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Le rêve se répète si le moi échoue à le comprendre et si l'inconscient le considère comme trop important pour passer à autre chose. Beaucoup de gens ne le savent pas mais l'inconscient est le ça alors que le conscient est le moi. Pour des raisons évidentes de conservation le moi sera souvent préoccupé par les rêves du ça mais un moi suffisamment fort peut tirer profit du ça comme le ça du moi dans une relation gagnant-gagnant même si cette opération est ardue. Evidemment l'étude des rêves est une voie abrute et réservée à une élite. Tout le monde n'est pas capable de dormir sur ses 2 oreilles sachant qu'un psychopathe est enfermé au sous sol de sa maison. Etudier les rêves revient à être un agent du FBI qui étudie les serials killers.
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