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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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28 mai 2018

De la TYRANNIE du DESIR, et de la loi

 

De la tyrannie du Surmoi, certes, il importe de se libérer. Mais ce n'est pas, certes, pour sombrer sous la tyrannie du désir.

Cette formulation peut surprendre. Lorsqu'on dit : "ne pas céder sur son désir", que dit-on au juste ? La chose se développe en deux temps. D'abord cela signifie qu'il faut libérer le désir, suspendre les identfications et aliénations dans lesquelles il est pris, desserrer la tenaille du surmoi, cesser de vouloir être le bon objet qui satisfait la demande d'autrui etc. Cela est bien connu et ne prête guère à discussion.

En second lieu : établir un rapport congruent entre le sujet et son désir, savoir le reconnaître, le faire exister, le faire entendre - ce qui ne signifie pas forcément vouloir le réaliser. Ce serait une plaisante justification à toutes sortes d'actions répréhensibles que de dire : c'était mon désir ! Imaginez le gouffre qui s'ouvrirait dans l'orbe général de la société si chacun y allait de la souveraineté de son désir pour s'autoriser de soi ! Toute-puissance imaginaire qui fait le tyran, et le pervers !

Manifestement, en cette affaire, il manque la référence à la loi. Que dit la loi ? La satisfaction est pas-toute, toujours partielle. Par exemple : tu ne traiteras pas autrui comme un objet de jouissance offert à ta convoitise - songeons au viol, au meurtre, à la spoliation - sous prétexte de suivre ton désir. On songe aux diverses formes de perversion, mais aussi à ces formes extrêmes de pouvoir politique, où le chef se mue en tyran : son désir est la loi - pour les autres.

Ne pas céder sur son désir signifie : articuler le désir, reconnu et assumé, à la loi. C'est là le travail propre du sujet, qui ne s'identifie pas purement et simplement à son désir. Le désir vient et passe, revient encore. Très souvent on ne peut faire autre chose que le regarder passer. Cela est vrai notamment des fantasmes, et des rêves. Mais il y a sans doute un désir plus fondamental, au plus près de la vérité du sujet, qu'il faut savoir écouter, auquel il importe de trouver un mode d'expression, juste et vérace pour le sujet, et respectueux de la loi. C'est dans cette voie que s'engage celui qui parle, ou qui agit en vérité.

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Commentaires
X
Je pense que la loi et le surmoi existent pour des raisons évidentes de sécurité, de stabilité psychique car les pulsions, l'amoralité et la vitalité du Ça pourraient brutalement balayer les valeurs du moi chez le sujet peu expérimenté...<br /> <br /> Même si la mécanique peut sembler parfois contraignante, surtout quand on s'intéresse à l'inconscient, il en va avant tout de la santé du moi qui par nature est une instance psychique de surface, faible, influençable et ignorante des dangers des profondeurs. <br /> <br /> <br /> <br /> Quel serait donc ce désir plus fondamental ? peut être un désir de guérison de la part du conscient mais aussi de l'inconscient, un désir de totalité, d'union sacrée ou de plénitude.
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G
Je lis avec attention ces commentaires judicieux, mais la loi dont je parle ne coïncide pas avec la loi sociale ou juridique - elle peut même en, effet la contester à l'occasion. La loi que je nomme est la loi psychologique fondamentale qui inscrit le sujet, par l'interdit de l'inceste, dans l'ordre symbolique du langage, avec, pour effet, le pas-tout : limitation de la jouissance.<br /> <br /> Quant à chercher une origine de la loi point n'est besoin de Dieu : c'est l'émergence de la société que le langage organise; par exemple en distinguant la génération des parents de celle des enfants on en déduit l'interdit de l'inceste.
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D
Si, la loi inscrit le désir dans le cadre des objets licites sur lesquels il peut se déployer, elle ne garantit en aucune façon que le désir dont il s'agit soit l'oeuvre du sujet. Il n'est pas impossible que la loi ne soit qu'une manière habile et rentable "au service des biens" comme dit Lacan, une forme de la domestication par laquelle le sujet demeure dans l'hétéronomie.<br /> <br /> La loi répond à la tyrannie du désir. Cela forme un couple qui peut aussi dégénérer du côté la tyrannie de la loi.<br /> <br /> Viol, meurtre et perversion sont des expressions du pouvoir (des passions tristes) donc d'un affect passif et non expression du désir actif<br /> <br /> Il me semble que "ne pas céder sur son désir" fait apparaître un registre qui n'est ni celui du désir aliéné ni celui de la loi qui lui fait face parce que la structure qui est ici en jeu se déploie et s'agence ailleurs et surtout autrement dans l'infrastructure. C'est pourquoi Lacan le situe d'emblée dans l'éthique et non dans la sphère de la morale ou dans la sphère juridique.<br /> <br /> Philosophiquement, cela devient très intéressant puisque la dimension éthique du désir peut amener le sujet à s'opposer à la loi voire à la transgresser sous certaines conditions qui n'ont rien à voir avec l'étage antérieur.
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