AUTOPORTRAIT IV (16 à fin)
16
Je voudrais inventer des mots nouveaux
Légers, comme des pas de danse
Des mots, comme des roses
A déposer sur le front de l’aimée
Doux comme des baisers
Des mots qui disent l’aventure
Des mots comme des gouttes lisses
Comme la gaze douce
Comme l’embrun, la bruine et le parfum,
O doux arôme, o l’insensible
Ecoulement du temps, comme un nuage délicat
Qui mauve dans le ciel s’évapore !
17
Le poème c’est du rythme
Rien que du rythme
Et ça danse, et ça tangue et ça claque
Sur un pied, sur trois pieds, mille pieds !
L’air est vif, le soleil batifole entre les arbres
J’ai l’esprit clair, le corps sensitif
Je feuillette quelques amis poètes
Je grappille comme un merle
Je ne réfléchis pas
Je laisse venir à moi les mots et les images,
Je fais un bouquet de tendres pensées,
Et le coeur apaisé
Je l’offre à toutes les déités
De la mer, de l’air et de la terre !
18
Nous dansons sur l’abîme…
Ils sont à la périphérie du monde,
Exilés, relégués, les dieux,
Et sans pouvoir.
Ils contemplent la sphère dévastée
Où les hommes s’efforcent,
En vain, de maintenir la vie.
L’esprit, le beau, le vivifiant
S’est retourné sur soi-même
Et soudain,
Le temps, lui qui allait paisiblement son cours,
Se met à tourner sur lui-même, hystérique,
Toupie affolée, frénétique,
Et, pris, emporté dans le vortex
Vertigineusement,
Glisse par le goulot,
Dans le Chaos.
19
La Joie, c’est tout autre chose que le plaisir. La Joie c’est ce qui survient quand tout est perdu, consumé, quand le deuil a brûlé toutes nos attaches, nous laissant nu sur le seuil.
Maison vide, le vent a tout emporté.
Tout est parti. Alors se révèle l’essentiel, qui demeure dans le dénuement, qui traverse l’épreuve, qui revient toujours, à la même place.
Place vide.
Etonnement de chaque matin, toujours neuf, premier matin : j’y suis, et tout y est, soleil et vent, marée du jour.
GK, Août 2017 - Tous droits réservés, propriété intellectuelle de l'auteur.