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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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8 décembre 2023

GOLIATH : de l'improbable bonheur

 

Sous la pluie acide des mauvaises nouvelles qui détrempe chaque jour le moral le plus aguerri il est olus urgent que jamais de se tourner vers la philosophie, si tant est qu'elle puisse apporter consolation, à défaut de solutions. Déjà, à l'époque hellénistique, quand les cités grecques se voyaient vampirisées par l'empire macédonien, et plus encore lors des grandes invasions qui ont emporté l'Empire romain d'Occident, il était urgent de se munir de quelques ressources mentales pour maintenir la tête hors de l'eau. Quant à nous, d'avoir joui de plusieurs décennies de paix relative, nous avons fini par oublier la précarité fondamentale de toute paix et de tout bien-être. Nous sommes, aujourd'hui, comme un dormeur brutalement tiré du sommeil qui regarde hébété un monde qu'il ne reconnaît pas.

Celui qui a longtemps séjourné en pensée auprès des grands maîtres du passé s'est intérieurement préparé aux incertitudes et aux malheurs. Il sait qu'il ne faut pas mollir, ni se fier aux conditions extérieures et baser son bonheur sur la convention et l'adaptation sociales. Sur ce point, on ne peut que souscrire à la formule stoïcienne qui nous invite à distinguer entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Tant de choses ne dépendent pas de nous, qui pourtant nous affectent, qui dessinent un destin implacable, sans que nous puissions comprendre ce qui nous arrive. Il en va ainsi de l'envahissement technologique auquel il n'est guère possible d'échapper, et qui modifie en profondeur les rapports sociaux, le jeu des pouvoirs et les conditions ordinaires de l'existence. Certains s'en réjouissent, sans doute parce qu'ils en tirent un profit substantiel, et la plupart suit sans réfléchir, en bougonnant, ou s'amusant, refusant de voir les périls bien réels que cette gigantesque machinerie insensible fait courir à la liberté.

Il faudrait pouvoir résister à ce Goliath monstrueux, omnivore. Hé quoi ! Irons-nous vivre dans les forêts, chassant l'ours et le sanglier, cueillant les baies sauvages et les champignons ? Cette tentation-là, quelques Grecs l'avaient caressée, Héraclite entre deux séjours à la ville, Démocrite, et Pyrrhon vers la fin de sa vie. Ils désiraient rompre avec ce que leur cité avait de local, de médiocre, de particulier, pour s'ouvrir à la vaste nature et se baigner dans l'universel. C'étaient de sacré lascars ! Quant à moi, qui ne suis que ce que je suis, comment pourrais-je sérieusement envisager de telles échappées ?

- Je voulais, au départ de cet article, méditer sur le bonheur, ou plutôt sur l'improbable bonheur en évoquant les conditions sociales qui le favorisent ou le contrecarrent. Kant disait que "le bonheur est un idéal de l'imagination", comme chez ceux qui croient que les astres se sont alignés spécialement en leur faveur, que la Providence veille sur eux afin d'exaucer les grands voeux de leur petit moi. Mais le moi est nu. Il faudra bien s'y résoudre.

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J'imagine qu'à l'époque d'Héraclite la nature était omniprésente donc c'était plus facile voir même ennuyeux pour certains et c'est surement ce qui a poussé les hommes à plus de ville et de technologie. Le problème aujourd'hui c'est que nous sommes tombés dans l'excès. <br /> <br /> Et pour le bonheur je ne vois qu'une seule chose : être soi-même, se faire plaisir, penser et croire ce que l'on veut puisque de toute façon nulle voix ne descendra du ciel pour nous dire le contraire.
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