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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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13 juillet 2022

HOLDERLIN ET SCHOPENHAUER A BORDEAUX

 

          "Eh bien va et salue

             La belle Garonne

            Et les jardins de Bordeaux

              Là-bas où sur la corniche

              Franchit la passerelle et dans le fleuve

              S'engouffre le ruisseau, mais là dessus

              Contemplent, noble couple

            Chènes et peupliers d'argent".

Le 12 décembre 1801 Hölderlin part à destination de Bordeaux pour exercer des fonctions de précepteur auprès du consul Meyer. Il atteindra Bordeaux le 28 janvier 1802 après un voyage exténuant à travers une France encore fortement marquée par les désordres post-révolutionnaires. Il est fort bien accueilli et installé par son hôte. Et brusquement, après trois mois, le poète quitte Bordeaux et entreprend le chemin du retour, qui sera encore pire que l'aller. Le 7 juin 1802 il passe par Strasbourg. Vers la mi-juin il rentre chez lui, dans un état physique et mental de profond délabrement.

On se demandera longtemps ce qui s'est passé pendant ces trois mois à Bordeaux alors qu'au début du séjour il se déclare "somptueusement" accueilli. Il ne dira rien sur la suite des événements : s'est-il fâché avec son hôte ? A-t-il rencontré des difficultés insurmontables avec les enfants qu'il était chargé d'instruire ? Ou bien, la chose est possible, il aurait appris que son grand amour de Francfort, Suzette Gontard - Diotima - était tombée gravement malade. Et de fait elle meurt le 28 juin 1802, quelques jours après son retour en Allemagne.

Le souvenir de Bordeaux, de la Gascogne assimilée  au sud méditerranéen, de la mer où vont les colons et les navigateurs, inspirera jusqu'au bout le poète des hymnes, amoureux de la Grèce et de la lumière céleste.

C'est une de ces ruses de l'histoire qui fera que Schopenhauer, deux ans après Hölderlin, se rende à Bordeaux avec sa famille, et prenne résidence le 5 février 1804, chez ce même consul Meyer, un ami de la famille, qui avait hébergé Hölderlin ! Ont-ils parlé du malheureux précepteur qui, deux plus tôt, avait séjourné ici ? Arthur n'en dit rien dans son journal de voyage. Mais il faut bien reconnaître que le poète Hölderlin n'était guère connu à cette époque.

Double similitude : Hölderlin voyage, séjour compris, pendant cinq ans en France. Schopenhauer père entraîne sa famille dans un voyage de plus d'un an à travers l'Europe. Hölderlin et Arthur résident quelque temps dans la même maison, chez le consul Meyer. Seul le temps fait les différences, qui sont insurmontables. On rêve d'une rencontre entre le poète de 32 ans et l'adolescent de 15, mais il faut se résoudre, elle n'a pas eu lieu et n'aura jamais lieu par la suite. C'est une des grandes déception de l'histoire que des esprits éminents puissent vivre côte à côte sans jamais se rencontrer, et dans bien des cas ils n'entendront jamais parler les uns des autres.

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