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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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7 janvier 2022

DU HASARD ET DU COSMOS : Héraclite, 124

 

Un lecteur, que je remercie, attire mon attention sur le fragment 124 (DK) d'Héraclite, qui m'a toujours semblé difficile. J'espère, ici, apporter quelques éclaircissements.

"eikê kechumenôn o kallistos, o kosmos"

(Des choses) répandues au hasard, le plus beau, le monde - traduction littérale. Il est remarquable qu'Héraclite introduise une suspension entre "le plus beau" et "le monde" ; il ne dit pas "le plus beau monde"  mais "ce qu'il y a de plus beau, le monde", tel qu'il nous est donné à percevoir et à penser.                  

Marcel Conche traduit : "De choses répandues au hasard, le plus bel ordre, l'ordre-du-monde". Il introduit délibérément un terme qui ne figure pas comme tel dans le texte, l'ordre, mais on peut penser qu'il est en quelque sorte sous-entendu dans la notion de kosmos, qui signifie bien le monde en tant qu'il est ordonné. Son souci est manifestement de faire apparaître le contraste entre le hasard qui semble présider à la dispersion des choses particulières, et l'ordre général. L'ordre définit la structure du Tout, le hasard de l'éparpillement s'observe au niveau des "choses", des mouvements, des altérations. Il est en somme miraculeux, digne d'étonnement, que le hasard, loin de détruire l'ordre, le manifeste au contraire à qui perçoit "l'arrangement" général, qui fait que "l'ajustement inapparent l'emporte sur l'ajustement apparent".

Bollack et Wismann traduisent :" Des choses jetées là au hasard, le plus bel arrangement, ce monde-ci." Dans leur note explicative ils relèvent la problématique du beau : ce monde-ci présente, en même temps qu'un désordre perpétuel, un arrangement non moins perpétuel. Ordre et désordre sont nécessairement liés à la manière de tous ces contraires dont Héraclite aime donner la liste : hiver été, faim satiété, mortel immortel, guerre paix, etc - tous ces contraires indestructibles qui rythment et pérennisent le mouvement universel.

Ce monde qui est de toutes choses la plus belle, au delà de toute chose particulière, enchante le contemplateur, qui, s'il est grec, tiendra toujours le beau et le vrai pour équivalents, comme on voit dans le Nombre d'Or, nombre divin qui conjugue l'harmonie des apparences à la splendeur de la vérité.

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Commentaires
K
Dieu ne peut avoir créé que le meilleur des mondes écrit Leibniz, vérités nécessaires et contingentes.
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X
Conche donne une interprétation subjective mais il y a un certain ordre on ne peut le nier. Est-ce vraiment un hasard ou le fruit d'une volonté supérieure qui dépasse notre condition humaine ? j'ai tendance à penser qu'il s'agit de notre volonté impersonnelle, de la vraie puissance de notre esprit, par delà le moi, qui fabrique tout ça et que nous ne connaissons que la surface de nous-même.
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