HELLENIQUES - Poésie 16 - (1à3)
HELLENIQUES - POESIE 16
ORPHEE
Si nous sommes tous morts en Eurydice
C'est en Orphée que nous vivons enfin
L'âme perdue en rose se métamorphose
Et le désir se transmue en destin.
HERACLITE
On l'appelle Héraclite l'Obscur. Mais son obscurité a les tranchants étincelants de la lumière, entame nue, déchirante.
L'obscurité n'est qu'un terme commode pour dissimuler notre faiblesse de regard.
L'évidence est trop proche, aveuglante. Aussi préférons-nous d'habitude un lointain brumeux, abri facile de nos veuleries et de nos découragements.
POEME pour ŒDIPE
« Oedipe avait un oeil en trop peut-être »
Pourtant il n'a pas vu l'heure venir
Où sonnerait le glas au nombre noir.
Ce qu'il a enduré nul ne peut le comprendre,
Mêmes les dieux se détournent de lui.
Assis sur un rocher près de Colone
Dans le bosquet réservé d'Aphrodite
Il transgresse, ignorant, l'interdit
Et le gardien du lieu le chasse à coups de pierre.
Quoi qu'il fasse il est toujours à contrejour
A ne pas voir ce que voient tous les autres
A s'étonner de son propre chemin.
Résigne-toi mon coeur à vivre d'errance,
Le savoir ultime de l'aube et du couchant
Laisse-le, confie-le à la féconde Nuit.