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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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25 mars 2016

POESIE et MUSIQUE

 

 

  "Petite pluie clapote sur mon chapeau

  Petit canaillou me criaille aux oreilles"

 

Que pensez-vous de ces deux vers ? Vous l'avez compris, il s'agit de lambiner hors des allées conventionnelles de l'alexandrin. Verlaine se flattait de donner à l'impair ses lettres de noblesse (Art poétique), et s'essaie quelquefois à l'endécasyllable (11 pieds), ce qui est toujours périlleux, car le vers paraît boiteux, et comme un homme ivre, balance de côté en manquant de tomber. La seule solution pour éviter cet effet de vertige, à moins qu'on ne le recherche expressément, est de supprimer la césure à l'hémistiche, et l'hémistiche par conséquent.

On me dira sans doute que le poète contemporain ne s'embarrasse plus de telles subtilités prosodiques, et que nul ne se fatigue plus à compter les pieds, se laissant aller en toute liberté à son souffle. Je dis que c'est dommage, et que s'il est toujours loisible de faire des vers libres, encore faut-il avoir le souci du rythme, sans quoi il n'y a plus de poésie. Autant découper un article de journal en fragments inégaux, au hasard, pour déclarer pompeusement que c'est un hymne ou une élégie. Pour autant je ne défendrai pas systématiquement le vers régulier, disposé régulièrement en strophes régulières, avec rimes alternées, féminines et masculines. Mais cela reste une possibilité, dont il n'est pas raison de se priver à l'occasion. Très souvent la forme idéale sera un heureux équilibre de régularité et d'irrégularité, soigneusement pesé, adapté au sujet. Par exemple dans Guillaume Apollinaire le Pont Mirabeau.      

Un bon critère de qualité : se demander si le poème pourait être chanté, ou mis en musique, ou accompagné d'un instrument. Car enfin la poésie est née avec la musique, et reste liée à la musique : "De la musique avant toute chose !"(Verlaine, encore - sans doute le plus musicien de nos poètes français - mais je n'ouble pas Ronsard dont la poésie s'illustrait avec choeur et luth). Sans compter la tragédie antique où alternaient les moments du drame avec personnages, et le chant du cheur accompagné de la flûte. Le poème régulier s'y prête bien, c'est sûr, mais toute la difficulté est de créer un poème irrégulier qui, dans sa forme même, suggère l'envolée musicale.

Il est bien dommage que notre poésie ne soit plus accessible ailleurs que dans les livres. Le poète écrit pour être lu, et le lecteur ne s'y complaît que dans les livres. Cela même détermine un type d'écriture, avec sa structure particulière, ses ressources et ses limites. Il en irait tout autrement si la poésie se disait en public, dans la rue, voire dans une salle de concert. Mais il faut remonter aux Grecs pour trouver une telle passion, lorsque les rhapsodes chantaient, jouaient, clamaient, en cothurnes et vêtement brillants, les vers de l'immortel Homère.

 

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Commentaires
G
Allez-y !
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D
Je suis bien d'accord en ce qui concerne la musicalité (pour le reste je suspend mon assentiment).<br /> <br /> <br /> <br /> Vous venez peut-être d'ailleurs de me donner l'impulsion finale d'un projet qui me trotte depuis longtemps, à savoir d'accompagner mes poèmes ou autres textes de leur version lue (sur mon blog)...
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