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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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1 juillet 2011

PHILIA : AMOUR ou DESIR ?

"Amour les tient unis dans le cercle enchanté!"

Cela pourrait être une maxime d'Empédocle qui estimait que le semblable attire le semblable. Nous voulons, nous Modernes, que l'amour s'édifie sur le désir, le parachève dans le dépassement. Mais ce n'est là qu'un voeu, et la réalité démontre abondamment le contraire. Peut-être bien que le désir et l'amour sont parfaitement exclusifs l'un de l'autre. Le désir est mouvement vers l'autre, attrait de l'altérité, fascination de la différence. L'amour est extension de soi dans la continuité du même. On pourrait dire : j'aime le même, j'aime le même dans l'autre. C'est ainsi que l'amour parental est extension dans la filiation, continuation du moi dans le champ élargi de la génération.          

    "Terre accroît sa propre race, Ether accroît Ether".

Nous avons bien du mal à comprendre les Grecs. Et notamment cette philosophie de la Philia qui privilégie l'assonance : 

    "Le principe qui produit le Bien, Empédocle lui donne le nom de "Philotès", et de "Philiè" : souvent d'"Harmoinie aux yeux graves" (Plutarque).

Philia c'est l'amour dans le semblable. C'est sur ce principe que s'édifie la communauté des amis dans le Jardin. Ce qui rassemble les amis c'est le même amour de la vérité, philo-sophia, amour du même. Non qu'il faille exclure le différent - les femmes, les anciens esclaves, les gens de toute condition y trouvent légitimement leur place - mais parce que le différent social, culturel, politique et autre peut être dépassé dans la commune askèsis de vérité. Ce qui fait lien n'est pas le désir mais l'amour du même principe inconditionnel.

C'est Platon qui interprète philo-sophia comme désir de ce qui manque, insatisfaction et aspiration infinie. Mais philo-sophia ne signifie pas désir mais amour. Le désir ouvre les portes de l'infini, s'élance vers l'illimité, et finalement se perd dans les sables mouvants de l'imagination. L'amour désigne le rapport à ce qui est : amour d'un bien réel, présent, tangible. Aimer la sagesse c'est cultiver présentement, dans une pratique réelle, un bien qui est bien du corps et de l'âme, indistinctement. Loin des chimères métaphysiques prendre soin de soi et de l'ami, sous le signe du vrai. Il est remarquable que les Anciens, à l'exception de Platon, ne magnifient nullement le désir, comme feront évidemment les chrétiens et les psychanalystes, trop heureux de disposer d'un levier magique pour détourner la libido vers l'espérance du Grand Autre. Si le désir est illimité, et de la sorte se prête à toutes les escroqueries idéologiques, l'amour comme Philia du proche peut construire le lien social proche comme amour du même amour.

Et c'est ainsi du reste qu'il redevient possible de parler d'amour sans verser dans le romantisme, le gnan-gnan ou la tartufferie. Mais les esprits sont si profondément corrompus par les usages pernicieux qu'il vaut mieux parler de "philia". Cette appellation au moins ne prête pas à confusion.

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Commentaires
A
Où il y a de l'amour de l'amour, il y a de la métaphysique ; que ce soit dans les contemplations de la nature, de l'univers,des humains etc...
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