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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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13 juin 2011

PETITE REVERIE MATUTINALE

Parfois je rêve de laisser là mes recherches, de me détourner de toute réflexion, de simplement goûter l'instant dans son surgissement et son passage. Toute recherche devrait aboutir à cela : coïncider à l'instant. C'est la véritable, la seule pratique. "C'est à son ordinaire qu'il faut juger de l'homme" écrivait Montaigne, avec raison. La modestie m'oblige à l'avouer : je n'y parviens pas vraiment. A croire que la pensée va de l'avant et que le bonhomme traîne derrière, empêtré dans ses contradictions  et ses conflits. A quoi s'ajoute la ritournelle de l'habitude, qui de sa force accumulée, regimbe et freine des quatre fers. "Il est bien difficile de dépouiller l'homme". Et de le changer plus encore.

Il n'empêche : c'est de la pratique seule que peut naître un changement. Mais il faut être modeste et commencer par les choses les plus faciles : enfourcher son vélo, traînailler par les bois, humer le vent, baîller aux corneilles, suivre le vol zigzaguant de la pie dans les branches, s'asseoir, simplement s'asseoir : 

"Dormant il ne rêve pas, éveillé il vit sans souci" (Tchouang Tseu).

D'autres fois je me propose d'écrire un roman. J'y ai souvent pensé, je m'y suis essayé quelquefois. Mais on ne s'improvise pas romancier, d'autant que je n'ai nullement les qualités requises. Mais ce roman serait tout sauf un roman : une espèce de farcissure débridée, où se mêleraient tous les genres, gavée de poésie lubrique, de réveries échevelées, de promenades fantasques, de propos hors de propos, de méditations intempestives, le tout dans une veine échappée où se perdrait toute logique, à la manière de mes rêves nocturnes, où l'extrême précision du détail contredit absolument la folie du non-sens. Je ne sais quel auteur tchèque déclarait que le roman était un fourre-tout, qui autorisait toutes les audaces, ouvrait toutes grandes les vannes du délire.

Mais tout cela, est-il bien nécessaire de l'écrire? 

En toute vie il reste une part de non-dit, d'indicible peut-être. C'est de là que surgit la parole, de ce continent sauvage, de cette "réserve" - à entendre dans les deux sens. En tout homme, sans doute, vit un poète qui s'est oublié, naufragé. C'est ainsi. Toute vérité, à supposer qu'elle pût se dire, n'est pas bonne à dire.

 

 

 

 

 

 

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