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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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19 décembre 2010

Les TROIS ETAGES du PHILOSOPHER

Philosopher c'est en premier lieu dialoguer avec soi-même. Sentir ce qui est vécu, éprouvé, dans le corps, dans le Thymos, et dans l'esprit. Ne pas évincer les pensées déplaisantes, les accueillir, les analyser parfois, et souvent les laisser simplement passer comme des nuages dans le ciel. Toutes les impressions sont à vivre comme telles, mais le plus souvent elles ne sont que réaction. Les idées de même, quand elles ne se gèlent pas en idées fixes, en bavardage ou en rumination. C'est déjà un grand art de distinguer ce qui mérite d'être examiné, et ce qui n'est que vaine répétition. Converser avec soi, mais si possible dans un esprit libéré, clarifié. Parfois il faudra purement et simplement se détourner de la pensée, quand elle est lourde. Revenir alors au corps, pratiquer des exercices de respiration consciente, marcher au grand air, oublier. Surtout ne pas trop vouloir, laisser agir le corps et le sentiment. Que la pensée vienne plus tard, quand elle s'invite comme une fée. Il est vain de la forcer, comme il est vain de se forcer à écrire.

Penser, méditer, lire, écrire : les pensées se renforcent, se structurent dans l'acte d'écrire. Ecrire c'est dèjà poser un lecteur virtuel, se clarifier pour quelqu'un, entamer un dialogue. C'est alors tout naturellement que vient le désir de la conversation, où le philosopher accède à sa véritable puissance. Mais il y faut un interlocuteur de qualité, engeance rare et précieuse. Et que nous sachions écouter autant que parler. Avec un tiers symbolique pour règler le débat, la "disputatio" comme disaient les Scholastiques. Discussion sans  hargne, sans acharnement importun, mais sans faiblese ni concession. Les Anciens disent que la vérité est meilleur ami que Platon, je dirai aussi qu'elle est plus juste que l'opinion, plus difficile. Nous parlons, nous disputons sous l'égide de la vérité, ou plus humainement selon la vérité comme exigence. Celui qui accepte cette régle et s'y tient, celui-là est un ami, et nous sommes amis dans l'amitié du vrai. Philo-sophia : démarche de sagesse dans l'amitié. C'est ce qu'enseignent tous les grands esprits.

Philosopher en groupe est encore plus délicat, mais l'expérience me monte que c'est possible. A la condition que la règle pré-citée spoit appliquée avec une rigueur encore plus  grande. Eviter les digressions, ramener le débat dans son cercle, explorer sans se perdre, dégager clairement les lignes de force et les enjeux, décourager la vaine querelle, se respecter dans les différences, tout un art. Mais encore une fois, cela est possible, cela se fait. C'est dans cet esprit que je pratique les activités de groupe en cette ville, cafés, ateliers, apéros -philo, avec ceux qui veulent bien, qui comprennent le sens du projet, et témoignent d'une vive acuité philosophique.

Je pense avec Epicure que le lieu naturel de la philosophie est l'amitié dans un groupe restreint. Et avec Diogène d'Oenanda qu'il faut témoigner au dehors, s'adresser au plus grand nombre. Mais les modalités, c'est évident,  ne sont pas les mêms, ni le niveau d'exigence.

Reste la publication soit en livres, soit sur blog. Ce n'est pas inutile. Mais ici manque la relation vivante, le corps sentant, l'âme qui s'ouvre, l'esprit qui pense, qui font la qualité indépassable de l'échange. Je me réjouis d'être un peu lu, ce qui me donne le sentiment de ne pas écrire en vain.

Je m'émerveille chaque jour de pouvoir dialoguer avec des amis vivants, voyant également que ceux que l'on dit morts sont d'une actualité toujours agissante, et parfois plus vivants que ceux que l'on croit tels.

Philosopher seul, avec des amis, philosopher pour tous, trois niveaux, mais toujours selon l'esprit de vérité, notre bien à tous. J'ajoute qu'en pespective plus lointaine je philosophe pour un changement radical de notre façon de sentir, de penser, de parler et d'agir : faire naître une civilisation nouvelle, planétaire et écoplanétaire, qui saurait dépasser notre rage de domination et de lucre.

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Commentaires
R
Vous lire est une respiration. <br /> <br /> Il y a du sens à partager du sens. <br /> <br /> Merci encore.
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