CORPS-UNIVERS - Poésie 3 (fin)
15
J'ai traversé le sexe de la Mère
Ce lalyrinthe aux mille bras
Plus de peur
De mystère
Tout secret éventé
Ah qu'importe le temps, la mort
De toutes parts, je suis
De plain pied sans mesure
L'univers!
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Effeuillaison
Sans racine tronc ou tige
Le corps absorbe l'air
De mille pores
Exsude
Protoplasmique, métaphorique
Il prend toutes les formes
Jamais ne meurt.
Ah la vue nous égare
Qui n'aime que le mat, que le dur!
Assis
Jambes ouvertes, buste droit
Je ferme doucement les yeux
J'écoute
Mon corps est une fine pellicule
Infiniment subtile et réceptive
J'absorbe l'ombre et la lumière
Les couleurs tournent comme des papillons
La pluie remonte vers le ciel
Tout l'univers se précipite
Tout scintille, tout passe
Le dedans, le dehors
Abolis
Composent un ballet fantastique
De vibrations phosphorescentes.
17
La vie ordinaire
Action, travail
Et l'arraisonnement de la terre
Tous la vivent et la meurent
Mais l'autre
La voie de vérité
La noble, la muette
Où la trouver ?
Parfois je vois un lieu sans lieu
Où l'être même, et toute sa fureur
Se dissolvent enfin
Paisiblement
Dans l'introuvable Demeure.
18
Un jour
Je ne ferai plus de poèmes
Aves des mots
Je serai poésie moi-même.
Rendu aux éléments
Nappe de lune entre les pins
Dune, rocher ou lande grise
Trille de rossignol, brame insistant
Feuille de vent.
Absous de tout
Dissous.
(Fin du poème : révision 2014 - Tous droits réservés. Guy KARL)