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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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21 mai 2021

DU CORPS ET DE L'AMOUR

 

"Il n'y a de bon dans l'amour que le physique". C'était l'opinion de Buffon. Buffon est un homme, je doute fort qu'une femme eût exprimé une semblable assertion. La plupart des femmes, à ma connaissance, sont essentiellement sensibles au jeu de la séduction, à l'admiration : leur vouloir c'est d'être choisies au détriment de toutes les autres, de régner sans partage sur le coeur de l'amant, de l'attacher ou de l'asservir. Dans cette affaire le physique n'est pas l'essentiel. Beaucoup de femmes rêvent en secret d'une relation amoureuse délestée de la corvée du sexe, à laquelle elles se résignent pour satisfaire le partenaire, afin qu'il n'aille pas butiner d'autres fleurs. Cette proposition n'est évidemment pas universelle, mais elle montre en tous cas que l'accès à une génitalité heureuse ne va pas de soi.

La phrase-type de la femme c'est : "Est-ce que tu m'aimes ?". Ce qui contient implicitement un doute, une incertitude, une incomplétude, que l'amour, et l'amour seul, est supposé guérir. De là s'origine, Freud dixit, le désir de maternité.

Entre l'homme et la femme règne un abîme, une incompréhension quasi insurmontable. A se demander s'ils participent de la même espèce. En particulier dans ce domaine épineux de l'amour. L'homme va du sexe à l'amour - s'il y parvient. La femme va de l'amour au sexe - si elle y parvient. Mais comme le sexe est la condition de la maternité il faut bien y consentir - du moins le temps d'assurer la descendance. Après quoi les choses se compliquent. La fameuse infidélité masculine s'origine largement de là, y trouvant de fortes justifications qui viennent renforcer la tendance naturelle à batifoler. - Mais il est presque impossible de parler de ces faits, de nos jours, sans passer pour un affreux réactionnaire.

Mais revenons à notre sujet. Buffon exprime une méfiance, qu'il faut interroger, à l'égard de tout ce qui est psychique dans l'amour : les représentations, les images, les désirs et les demandes, les attentes toujours plus ou moins déçues, tout ce jeu assez ridicule de questions-réponses qui se perdent dans l'infini, et qui engendrent la souffrance, l'insatisfaction, l'amertume. C'est le terrain privilégié de la névrose.

Il faut revenir au corps. C'était le point de vue de Lucrèce qui se livre à une démystification impitoyable des illusions de l'amour, sans recommander pour autant une abstention ascétique. Tout au contraire, la Vénus volage (volgivaga Venus) guérira le malheureux en le détachant de sa passion funeste pour celle qui se joue de lui et lui fait connaître mille morts (Livre IV).  

Après tout c'est bien par le corps que nous jouissons. C'est particulièrement vrai et vérifiable en ce domaine où les pulsions naturelles, libres et spontanées, joueront leur partition musicale, en dehors de toute obligation et souci de performance.

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Commentaires
G
Je comprend , merci Guy Karl
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G
Bonjour Guy Karl , que pensez vous de l'approche de Somasekha ?<br /> <br /> <br /> <br /> Lien : https://youtu.be/OEGWj2zro1Q
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X
Revenir au corps qui est la respiration, la nourriture saine, les ballades dans la nature et la philosophie à un régime minimum et naturel pour ne pas surchauffer.
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