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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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3 décembre 2013

La CHANSON du LAMPADAIRE AMOUREUX

 

 

 

         Mon coeur me poingt de grande peine

         Et mon amour s'en est allé

         Je pense à toi reine des reines

         Le vent gémit dans les allées

         D'une languissante rengaine

 

 

        Et si l'automne s'exténue

        L'hiver s'avance en cache-nez

        Hélas tu n'es pas revenue

        Mon coeur s'emballe à cloche pieds

        Ton âme flotte dans les nues 

 

        Sous le halo d'un lampadaire

        Je grille mon dernier pétard

        Comme à Nerval mon coeur me serre 

        Hélas pour vivre il est trop tard

        Je vais me pendre der de der

 

        Un clochard passe et me fend l'âme

        "T'as pas deux balles pour moi, chef?"

        J'en oublie mon épithalame

        Et de me pendre derechef

        Adieu Cypris, que Dieu te damne!

 

----- 

J'aime, dans Apollinaire, le mélange exquis de gravité, d'émotion suggérée, éludée, et d'humour tendre, léger comme une bouffée de pipe. Et dans le style la feinte allégeance aux rythmes classiques, avec de fausses rimes bouffonnes, de subtils décrochages qui font danser la langue. Jamais lourd, fuyant le pathos bruyant, mais allégre, primesautier, folâtre, des airs de gamin-poète, et des tristesses d'enfant abandonné.

Que cette amusette, plus grave qu'il y paraît, lui soit, en affection et reconnaissance, dédiée.

  

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