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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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4 mai 2019

Le POINT de VUE ABSOLU

 

Pyrrhon et le Chan : le point de vue absolu à partir duquel on peut juger et disqualifier tous les autres. Absolu au sens strict : détaché, sans rapport, indépendant. A l'égard de toutes les doctrines en usage, des points de vue partiels et généraux, des conventions de langage et de conduite, des normes et des valeurs, des savoirs et des pouvoirs.

Qui accède à cette universelle vacuité se délivre des attachements et des adhésions. Il va comme le vent que rien ne peut fixer, indépendant comme le vent.

Les autres théories peuvent avoir leur intérêt, elles contiennent à l'occasion de profonds aperçus, mais elles pêchent toutes par excès, affirmant ou niant sans raison valable, exprimant aveuglément quelque passion indiscrète et secrète, exhibant comme pensée vraie ce qui n'est que point de vue subjectif, affect incontrôlé, méconnaissance.

La pensée vraie pulvérise tous les points de vue, décante le jugement, ouvre à la non-pensée.

La philosophie, quand elle est sincère et authentique, travaille dans la chair et la pensée jusqu'au point crucial qui ruine toute philosophie. C'est ainsi qu'elle réalise sa vocation qui est de promouvoir la liberté.

 

Illustration : j'aime profondément Epicure, l'homme et sa pensée.  Il est l'émouvante figure de l'hellénisme finissant, il est la Beauté. J'aime sa vision du mouvement universel, de la pluralité des mondes, de l'infini et de l'impermanence. J'aime l'image d'un jardin de la volupté. Mais il est un point où je ne peux le suivre, lorsqu'il affirme que la sensation est vraie, qu'elle rend compte de la réalité de la chose, posant en principe l'accord nécessaire de la sensibilté et du réel. Hélas qu'en savons-nous ? Dans l'incertitude et dans l'insaisissabilité universelles Epicure veut déterminer un point fixe, à partir duquel il entend fonder la certitude du savoir et la possibilité d'une éthique : un moi corporel limité dans l'espace et le temps, une pratique des plaisirs et des vertus, un bonheur accessible.

Le point de vue absolu consiste à déloger tout point fixe, à dé-marrer toutes les attaches. Ce n'est pas même un point de vue, mais plutôt la dissolution de tout point de vue. Ce qui reste alors, après ce travail de déminage, c'est la "suspension du jugement", ou, version Chan, "une silencieuse coïncidence".                                         

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Commentaires
X
Vouloir sentir que tout est Un est une démarche spirituelle très à la mode en réaction à une certaine solitude existentielle et insatisfaction de la vie. Certaines personnes veulent atteindre un état ou tout est Un ou Amour ou Paix et qu'ils appelleraient l'Eveil mais un tel état n'existe pas car tout est impermanent. Il est donc recommandé de comprendre que l'état dans lequel nous sommes actuellement est le véritable état naturel et d'en finir avec la recherche qui est source de souffrance.
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G
Une certaine lenteur est indispensable à la réflexion si l'on veut éviter les précipitations passionnelles. Sur le fond, le point de vue absolu, en effet, se supprime lui-même en cessant d'être un point de vue, comme je l'ai fait remarquer à propos de Pyrrhon, lequel aboutit très logiquement à l'aphasie.<br /> <br /> Je ne partage pas vos idées sur l'Un, sur l'identification généralisée. C'est une perspective que rien en vient confirmer dans l'expérience, qui nous révèle partout de la diversité, de l'hétérogénéité, des vitesses différentielles : la pensée voudrait l'unité mais celle-ci n'est qu'une projection du désir.
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G
Bonjour, dommage que l'interactivité de ce blog soit beaucoup trop lente. On ne peut pas discuter d'un sujet aussi complexe et subtil en échangeant un message tous les deux ou trois jours. <br /> <br /> Le premier point à souligner est déjà qu'il y a une contradiction dans les termes. Il ne peut exister un "point de vue absolu" qui "disqualifie tous les points de vue" sans qu'il ne se disqualifie lui-même.<br /> <br /> Ensuite, par rapport à la question de "X": "Pourquoi vouloir sentir que tout est un", j'ai formulé une réponse rapide qui ne peut qu'engendrer d'autres questions. Les choix que nous pouvons faire dans la vie sont limités aux lois que celle-ci nous impose. L'apprentissage de l'unité se fait malgré nous. L'homme commence à détourner son attention envers lui-même, vers l'autre, ne serait-ce d'abord que par l'attrait sexuel. Puis tout le reste s'enchaine naturellement. L'amour de la famille, du conjoint des enfants etc... Ce sont ces processus de rapprochement que la vie nous impose qui nous différencient des robots et des raisonnements purement intellectuels.<br /> <br /> Bref, il y a beaucoup trop à dire pour que cela passe par un filtre modérateur aussi lent.<br /> <br /> Bonne continuation
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X
Pourquoi vouloir sentir que tout est Un ? pourquoi faire ? et pourquoi devrait-on détruire le " je " qui est très naturel en réalité.
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G
Pour compléter mon commentaire ci-dessus, si l'on considère que tout est Un, alors on peut considérer que ce qui sépare est faux et ce qui unit est vrai. <br /> <br /> Certes, c'est toujours un point de vue, mais qui a l'avantage de considérer la vie et les différents niveaux de conscience. <br /> <br /> Ça ne sert à rien de comprendre intellectuellement le principe non-duel (qui est équivalent au point de vue absolu); la pleine unité doit être sentie, faire partie de l'être et se traduire en actes. Une vacuité morte n'a aucun sens. La destruction du "je" est progressive, on ne le détruit pas d'un claquement des doigts suite à un raisonnement philosophique.
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