De la santé philosophique
Voici un critère de la bonne santé, qui vaut mieux que les habituels discours sur l'absence de maladie : est en bonne santé, quel que soit par ailleurs l'état de la machine physiologique et psychique, celui qui, le soir venu, se réjouit de vivre demain un nouveau jour, se représente avec plaisir le café du matin, le ciel ouvert, la danse des martinets au dessus des toits de sa maison, l'allégresse d'une belle lecture, les précieux hasards de l'écriture, la promenade dans les allées de saison, - à qui la vie est légère en dépit de tout, qui trouve en soi le ressort d'éléver sa tête vers le ciel, et de dire "oui".
C'est à mon sens une belle définition de la santé philosophique, non pas la "grande santé" qui ne vaut que pour les dieux, mais une santé d'homme, conscient, lucide sur l'état des choses, mais résolu à garder l'essentiel, par quoi seul l'existence a son prix.