CHANSON du SYBARITE : pour nicolas
Le vent tempête sous l'auvent
Il nous emporte d'âge en âge
Mais cacochyme et grisonnant
Je n'en saurai pas davantage
Qu'un boutonneux de quatorze ans
Le vent qui hurle à ma fenêtre
Me pourfend l'esprit et le corps
C'est l'heure de la mort peut-être
Hélas je voudrais vivre encor
Fumer ma pipe sous le cèdre
Et sous mon sapin toujours vert
Sur ma pelouse douce, ô joie
Hurler de joie tête à l'envers
M'ébattre sans rime et sans loi
Danser tout nu sous les éclairs
Et si la mort venait de suite
Qu'elle me fauche au pied levé
Moi le siffleur, le sybarite
Sans fâcherie et sans regret
Dans le néant me précipite
Je veux qu'à l'instant on m'oublie
Jusqu'à mes cendres dispersées
Sans regret et sans fâcherie
La cendre épouse la pensée
Dans le silence de l'oubli.