ICI, VERTIGE : Poésie 9
ICI VERTIGE, poèmes
PRELUDE MINEUR
Ce qui n' a pas de nom, ce qui
Vous déchire et vous laisse
Comme un peu de papier maculé au bord des routes
Neige glacée frangée de noir
Cela
C'est le domaine du poète, ce qui
Effraie hommes et dieux
Cet intermonde plus réel que le monde
Et qui soutient pourtant tous les visages
Toutes les formes
Comme un beau rêve au fil de l'eau
C'est l'indicible qui peuple notre terre
Des mille noms de l'illusion
I
Je n' ai plus d'idées
Au fond de moi c'est une longue plaine
Des rivières y paissent très lentement
Blanche cigogne revenue
Toute l'enfance réhabitée
Ses clochers retentissants d'oiseaux
Les mots chantent le silence
Reflets fuyants au fil de l'eau
II
Libéré de toutes règles
Ganglions, sangles qui étranglent
Puiser sensible
Tracer chemin
III
Jeune toujours
Verdissant bondissant
Bocages et ravines
Désaltérant mon coeur à la source
Matins lucides musiciens
Batifolant folâtre, fol amour
J'édifie sur les nuits oubliées atterrées
- vif désir d'eau pure dans le ciel
L'envol des plus légers oiseaux.
IV
Sans repère
Sans rien en face qui me fige
Sans consistance que passage
Je suis de n'être pas
J'existe comme un pur
Essor
Traçant sa gerbe sur
La mort.