JE VOUDRAIS ETRE UNE CANTATRICE !

Supposez qu’à votre mort il vous soit accordé de vous réincarner dans l’être de votre choix. Que choisissez-vous ?

Rassurez-vous, ce n’est qu’un jeu. Gageons cependant que votre choix ne sera ni neutre ni insignifiant. Toutes nos projections mentales disent quelque chose de nous à la manière d’une ombre.

Eh bien moi, c’est ma folie à moi, je voudrais me réincarner  en cantatrice. Vous avez bien lu : cantatrice, et non pas cantator, ou cantor, ou ténor. La voix féminine, dans l’opéra, est ce qu’il y a de plus beau, de plus aérien, souple, profond, sublime ! Plus chaud et grave que le violoncelle, plus allègre, vif et volage que le violon. Ah ces voix qui vous transpercent, vous chavirent, vous entraînent dans un naufrage de tous les sens, voix d’enfer, voix de paradis.

La Reine de la Nuit, dans Mozart, qui me déchire !

J’essaie de me représenter ce que peut vivre, en chantant, la cantatrice : la passion, la hantise de la mort, l’extase, la terreur, la folie – toute la gamme des émotions les plus violentes, contenues, spiritualisées, sublimées par la musique. La mania tragique et érotique portée à l’incandescence !

Il y a de belles voix d’hommes. Mais elles émeuvent moins, comme les héros de tragédie qui n’égalent pas le pathos des héroïnes. La féminité recèle des ressources étonnantes, que l’opéra, et lui seul sans doute, parvient à révéler. En quoi l’art est, par un certain côté, supérieur à la vie même.

Comments

[Patrick Montalto]

Ouaouh ! ça c'est du Lyrisme !