En PAUVRES LIEUX : poème
Ultime lieu
Où le corps défaille sur le seuil
Effaçant souvenirs de joie ardente
Quand le sexe et la vie confondus dans la flamme
S'élançaient à l'assaut du ciel
C'était belle parade, par Zeus !
Maintenant je croupis sur la terre
Seul mon esprit, rétif
Galoppe encor par les steppes arides
Sans pouvoir se poser nulle part
Et nulle auberge ne le peut recevoir
Et nulle source ne le désaltère;
Lassé des faux prestiges
De savoir, de faire le beau dans le monde,
Il ne goûte plus que l'herbe sauvage
En pauvres lieux,
Quelques fleurs insolites et rares
Qui délivrent le doux népenthès du sommeil
Quand la course s'épuise.
Alors
Entre deux orages,
Désenchanté, déshabité,
Il avant-goûte sans frémir
Le silence éternel où il s'engloutira.