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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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25 mars 2015

REVES BLANCS-NOIRS- LIVRE QUATRE

 

LIVRE QUATRE - MATINALES

          

 

             28

     PETITS POEMES MATUTINAUX

              1

 

J'avais oublié le Grand Nord

Les socs du froid qui vous labourent

Les nuits interminables

L'oeil du vortex qui paralyse.

             2

 

Oublieux de tout

J'ai plongé dans la profonde nuit

Dispersé dans l'Immense

 

         Tout embué

         Je m'éveille à la première pipe

         Dans le monde poétisé

         Je danse avec les dieux.

  

              3

 

Froissement d'ailes

Grive ou moineau?

Givre des matinaux.

 

               4

 

Il n'est rien qu'il ne fasse

Le temps aux mille tours

Qui vient, qui va, qui passe

Et jamais ne repasse.

 

                   5

 

A l'embouchure de ton corps

J'ai bu la première étoile

Depuis je ne rêve que de toi.

 

                  6

 

Ce que femme veut

Nul ne le peut

Pas même un dieu!

  

                   7

 

Dans le jardin au coeur du monde

Accueille les pensées sans cueillir

Prends soin de ton coeur.

 

                    8

 

La forme s'inscrit dans la neige

La neige vient, la neige passe

Forme se fait, forme s'efface

Ne dis jamais "jamais"

Ne dis jamais "toujours".

 

                     9

 

L'hiver pince au coeur

Cris noirs sur la neige blanche

Tout va, tout se meurt.

 

                   29

 
 

Célébrons la beauté des choses

Les plaisirs que le temps vola

Les roses sont toujours les roses

Si même je ne suis plus là

 

Aube qui vibre entre les cils        

O doux visage de l'enfance

Ainsi toujours en sera-t-il,

Tout se défait tout recommence. 

 

 

 

      

 

           30

 


Indigné du soleil qui te blesse

Tu hèles l’éphémère

A te sauver la mise,

Quand d’autres oublient la rude tâche

De tirer ce qui passe

A la cime aiguë du dire.

Et c’est à tort qu’on les appelle

Poètes, eux, les maldisants,

Indigents de l’unique, de la belle

Exigence du vrai désir. Trop pressés de courir

A la gloire, ils oblitèrent le réel

Qui nous poingt de sa serre de fer. Mais toi,

Si tu te crois indigne, et délaissé,

Tremblant dans la profonde nuit,

Tu pressens dans ton cœur déchiré, labouré,

Dans l’incendie blanc qui te consume

Dans le glacier fracturé de la terre,

La lettre nue du plus grand amour.

 

 

    

 

               31

 

 Vaguement frangé de rose

 Le satin du ciel 

 M'accueille dans sa corolle

 Dispersé dans la lumière 

 Tout est là je ne suis rien.

 

                32

 

  Sur les herbes de la pampa

  Le vent hurle, le vent

  Vrille du rouge

  Van Gogh dans les Corbières

 

                

 

 

                 33

 

 Déluges de feuilles

 Toutes les couleurs sous le ciel s'exaspèrent

 L'automne à l'orient fait retour

 Le feu du ciel n'aura jamais de fin.

 

                   34

 

 
Le vieil homme, assis auprès du feu, hoche la tête au souvenir de tous les événements passés, et considérant les événements présents, il se parle à lui-même : "C'était le printemps de ma vie, puis l'été, puis l'automne, et voici l'hiver. La roue tourne" se dit-il, et il hoche la tête.

"La roue tourne. Mes enfants sont grands maintenant, et mes petits enfants entament leur vie d'adultes. Bientôt je ne serai plus".

"La roue tourne. Déjà elle me rejette hors de son cercle. Elle tourne, et moi je la regarde tourner. Déjà elle ne me concerne plus. Ou plutôt, elle ne concerne plus celui que je ne suis plus".

"Ce n'est pas l'extinction, c'est la dernière peau, la dernière camouflure. Bientôt toute peau deviendra inutile. Délivré du désir de vivre encore et encore, autant que du désir de mourir, je laisse tout doucement s'éteindre la flamme. Bientôt j'aurai atteint le but ultime : je ne renaîtrai plus".

 

                           35

 

Le déluge a submergé la terre

Ravagé les maisons, les jardins, les machines

Dévasté les temples et les dieux,

Seule monte

Une arche de lumière dans le ciel blanc du coeur

Eblouissante et bienheureuse.

 

-----

En hommage à Henri BAUCHAU, pour son roman extraordinaire : "Déluge"

 

                  36

 

 Le printemps suave

 De sa lumière dorée

 Inonde la terre

 Tout doucement vont les choses

 Nul ne sait où ni comment

 

                    37


 

 O Muse, toi la perdue,  l'insaisissable

   J'ai tant crié vers toi, tant imploré

     Ton retour, mais tu ne reviens pas, tu creuses

       Sans fin la chair de mon amour! 

 

 Mais ton image je la garde, ineffaçable

   Dans tout ce qui séduit de par le monde

     Et scintille et miroite, et qui s'efface

       Hélas, et qui revient encore.

 

 Poète, c'est le destin de l'homme seul,

   De se tenir boitant à la lueur

     Oblique d'un présent qui nous glisse

       Entre les doigts comme un peu d'eau!

 

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