Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
Archives
Visiteurs
Depuis la création 1 056 539
24 avril 2008

DE LA DIVINITE

Je suis parfaitement et définitivement athée, totalement étranger à la sphère des religions monothéistes qui ont causé le plus grand mal possible à l'humanité. Pour autant je ne suis pas davantage panthéiste. Je ne puis concevoir un esprit qui gouvernerait un univers selon une finalité quelconque. Mais je suis  sensible à la divinité, si par là on entend ce qui existe par soi, dans la perfection finie de son être. J'adorerais volontiers un arbre sacré, une fontaine rafraîchissante, et comme Oedipe à Colone, assis dans un bocage aux portes d'Athènes, je me lèverais aussitôt si l'on me déclarait que je profane sans le savoir un bocage réservé aux Muses. Ma divinité est un sentiment particulier de la perfection naturelle, alors même que ma raison m'explique qu'il ne s'agit là que dun agrégat périssable, éphémère d'atomes, et autres éléments électrochimiques, dont je ne conteste en rien l'existence, mais qui n'ont aucune signification pour mon être sensible. En moi cohabite paisiblement le philosophe averti des faux secrets de la composition matérielle, et le poète qui se rend à tous les raisonnements que l'on voudra, et qui persiste cependant à aimer, adorer la puissance sublime du chêne, la magificence d'un arc en ciel et la lente fluidité d'un nuage. A vrai dire la science de la nature ne m'importe en aucune manière. En moi persiste un aborigène décalé qui vit entre l'orage et le soleil, qui souffre de la laideur et se réjouit de la beauté, qui apprécie immensément le chant des oiseaux, et qui passe l'essentiel de sa journée à contempler les paysages bucoliques, fût-ce en pleine ville.

Il y avait quelque chose de cette disposition chez Goethe, que j'ai immensément aimé dans ma jeunesse, à qui j'avais consacré mon travail de maîtrise, chez qui le scientifique se heurtait au poète, tout en réussissant parfois à les dépasser tous les deux. Je pense que Goethe n'aurait pas aimé notre science physicomathématique. C'était peut-être un des derniers de nos humanistes formés au sens de la divinité de la nature, dans un monde qui basculait déjà dans le matérialisme productiviste.

Cette divinité dont je parle n' a rien de religieux. Elle est totalement concrète, sensible aux sens et à l'intelligence, présente au coeur et au ventre. Intelligible en un sens absolument particulier, en dehors des spéculations humaines. L'arbre est beau, non pas spécialement par sa forme, sa symbolique surchargée de mystique, sa signification: bien au contraire il est beau dans la mesure où il échappe totalement à toutes ces catégories. Ce n'est pas même le principe vital que j' honore dans un arbre. je suis relativement sceptique quant au principe vital et je n'ai pas le culte de le vie en tant que telle. Le miracle c'est plutôt qu'un arbre soit, et c'est sacrilège de le couper au printemps pour gouverner sa croissance selon nos idéaux esthétiques ou horticulaires. J'aimais les mirabelliers de mon grand-père et je n'aurais jamis soupçonné, enfant, que l'on puisse amputer leurs belles branches chargées de fruits roses et rouges! Principe de réalité dira-t-on; Il faut bien que la bête mange. C'est incontestable. Mais j'aime à penser aux Indiens d'Amérique qui se repentaient d'avoir été obligés de tuer le bison pour sa chair et son cuir. Voilà des gens qui savaient vivre.

Je ne connaîtrai pas, je l'espère, cette "civilisation" de mégapoles géantes qui se lève à l'horizon et qui va saccager le peu qu'il reste de forêts. Verront-ils, ces gens là, encore la beauté du ciel? Mon esprit va errant quelque part en Grèce, là où la canicule et les incendies n'ont pas encore tout ravagé. En moi le Grec d'avant Socrate contemple et médite : il voit partout des dieux et des déesses, même s'ils n'ont aucune forme humaine ou concevable. Epicure disait que nous pouvons voir les dieux en rêve. Ils n'ont rien de la religion populaire. Leur beauté inconcevable nous inspire une amour du Beau qui soit de nature à négliger et mépriser le chantier de démolition qui sévit sous nos yeux

Publicité
Publicité
Commentaires
Newsletter
153 abonnés
Publicité
Derniers commentaires
Publicité