Le SONNET du VOYAGEUR : en hommage à Joachym Du Bellay - et à Charles Baudelaire
LE SONNET DU VOYAGEUR
Sous la chaleur tonitruante des tropiques
Et secoué par les saccades du ressac
Je traîne des journées mornes dans mon hamac
Et la forêt mugit ses lugubres musiques.
Mon corps est dévoré de vermine et de tiques
Un macaque a volé les fruits du bivouac
Et je n' ai plus, hélas, de rhum et de tabac
Pour supporter ces lieux cruels et méphitiques.
Malheur aux insensés qui vantent l'aventure,
Ils nous cachent, ces fous, la peur et la torture
L'errance et l'inquiétude et l'espoir maltraité ;
Heureux qui sut bâtir aux bords de la Garonne
Dans la fraîche coulée où la flore buissonne
Le jardin délicieux, le calme et la beauté!