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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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31 décembre 2007

Un JARDIN d' EPICURE ? (suite)

Un jardin aujourd'hui? Dans l'absolu rien ne fait vraiment obstacle à un tel projet. Il a bien existé toutes sortes de communautés, plus ou moins durables, surtout à la suite de mai 68. Aucune loi n'en interdit la création. Economiquement c'est réalisable. Pratiquement aussi. La difficulté est ailleurs.

Les Grecs concevaient la sagesse comme un exercice, tantôt solitaire, comme Diogène le Chien, tantôt communautaire, comme les Stoïciens, les Epicuriens et la plupart des autres écoles philosophiques. Le philosophe est un personnage public, présent dans la Cité, ou à la périphérie, qui se sent investi d'une fonction sociale, tantôt politique (Platon, Aristote), tantôt éthique (Socrate, Antisthène, Diogène, Aristippe et bien d'autres), tantôt communautaire comme Epicure. Le Philosophe témoigne de sa philosophie dans la pratique de la vie : il montre, enseigne, rabroue, s'indigne, corrige, approuve ou désapprouve, et toujours dans sa conduite il se veut fidèle aux enseignements qu'il profère personnellemt, ou à ceux de son école. Pas de hiatus entre la théorie et la pratique. Le philosphe n'est pas un savant, ni un pur théoricien, mais un homme profondément engagé dans sa démarche de vérité et d'exemplarité. Rien à voir avec nos maîtres de savoir, nos universitaires cacchochymes et désincarnés, nos publicistes véreux et touche à tout, nos flatteurs de média et autres saltimbanques de la "pensée". Déjà Epicure se moquait de Platon, "ce flatteiur de Denys le tyran d'Agrigente". Sans parler des sarcasmes et des rugissements d'un Diogène conchiant les moeurs dépravées et les hypocrisies des Athéniens. En un mot comme en mille : la philosophie était vivante, c'était un art de vivre, une éthique, une exigence absolue, et jusqu'à la mort.

Qui désire vivre de la sorte aujourd'hui? Qui est prêt à témoigner d'une authenticité personnelle? Et quelle dose de vérité pouvons nous supporter? Il y a bien des penseurs estimables en notre temps, là n'est pas la question, mais de philosophie appliquée, je n'en vois point, et moi-même je n'ai pas de leçon particulière à prodiguer.

Pour le dire tout net : une communauté épicurienne me semble peu concevable aujourd'hui. D'autant qu'il faudrait évidemment revoir tout le corpus épicurien et le réactualiser. Mais cela n'est pas le plus difficile. C'est plutôt la notion de communauté qui me fait problème. Communauté, mais avec qui, dans quelles conditions, avec quels devoirs, quels droits, quelle organisation? Et comment ne pas retomber dans les travers de la secte ou des groupuscules hippies? Je crains qu'il ne soit trop tôt pour un tel projet.

De surcroît je suis bien obligé d'avouer que moi-même je n'ai guère l'esprit communautaire. Mes anciennes expériences de vie d'internat m'ont façonné un caractère réfractaire, indocile, aigre, paranoïde et grincheux. J'aime rencontrer des amis, discuter, boire et m'amuser, mais je ne supporte pas le contact au delà de quelques petites heures. J'ai tout de l'ours mal lèché, et du misanthrope. Et maintenant je suis trop vieux et décati pour pouvoir et vouloir changer.

Reste une solution, que j' ai mise en route depuis trois ans environ. Créons des lieux de convivialié informelle, de rencontre cordiale et spontanée, enseignons gratuitement et sans conditions préalables, discutons, informons, palabrons, expliquons, écoutons, échangeons et livrons-nous à ce jeu de la parole libre et ouverte. Inventons de nouvelles formules de philosophie populaire. De vivo, mais aussi sur le net. Gageons qu'un mouvement peut se créer, et s'il reste informel, anonyme, discret et modeste ce n'est pas grave. De plus il n'est pas question d'exiger une quelconque inféodation "épicurienne". Le dogme n'est pas nécessaire. Mais ce qui l'est plus que jamais c'est l'esprit d'ouverture, de libre examen, de responsabilté ethique et planéthique, de liberté enfin.

C'est un noble projet Et nul ne peut le mener seul. Mais je ne suis pas seul. Bonne année à tous. Et souvenons-nous de l'enseignement du Maître : "il n'est jamais trop tard pour philosopher, parce qiu'il n'est jamais trop tard pour être heureux, pour travailler à son bonheur et celui des proches". GK

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