Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
Archives
Visiteurs
Depuis la création 1 076 490
25 novembre 2011

APRES FUKUSHIMA

 

                                                                        III

                                                               APRES FUKUSHIMA

 

Après le désastre on aurait pu s'attendre à un autre raz de marée : des millions de personnes, au Japon, et de par le monde, s'entassant aux abords des centrales, clamant leur dégoût et leur exaspération, vilipendant les promoteurs et marchands du nucléaire, accusant les gouvernements complices de l'horreur programmée, exigeant sur l'heure la fin de la marchandisation sauvage, le contrôle démocratique de toutes les énergies collectives, la réappropriation démocratique immédiate de toutes les ressources naturelles et industrielles, la fin des cartels de la mort. C'était bien le moins que l'on pût espérer. Or que vit-on? Qu' entendit-on? Rien, ou presque rien, si peu de choses... Que l'on allait, bien entendu, vérifier les centrales, que le contrôle serait drastique, et que pour le reste on réfléchirait! J'ai même entendu un responsable, d'une société privée bien sûr, déclarer doctement que les centrales les plus anciennes étaient forcément les plus sûres, puisque les contrôles y auront été plus fréquents que pour les neuves! Autant dire qu'un poubelle roulante de l'ex RDA est plus sûre que nos récentes voitures électroniques! Mais nos VIP bonimenteurs n'en sont pas à un boniment près!

Les esprits bien pensants se fixent sur les aspects techniques : quel est le degré de risque évaluable, comment faire face à l'imprévu etc. Mais la dimension politique est gaillardement ignorée. Comment admettre que ce soit le privé, avant tout soucieux de rentabilité capitaliste, qui construise et gère les centrales? Pourquoi les Etats sont-ils si complaisants à l'égard des promoteurs? Pourquoi la population, concernée et exposée au premier chef, est-elle tenue à l'écart de toutes les décisions? Que signifie être démocrate, et citoyen d'une société démocratique, si le plus grave et le plus important échappe totalement à la connaissance du citoyen? Quelle est cette démocratie où le citoyen délègue ses pouvoirs tous les cinq ans à une minorité irresponsable et toute puissante, qui use et abuse de son pouvoir sans consulter sur les enjeux décisifs de la vie et de la mort? Démocratie purement formelle, sans contenu, sans conscience ni moralité. Démocratie bananière, colonialiste, oligarchie, cynisme ploutocratique.

La quasi indifférence devant l'horreur démontre deux choses : la première c'est que le système économique ne changera pas d'un iota, persévérant irrésistiblement dans sa boulimie thanatocratique d'exploitation des ressources, considérant en somme les "accidents" et les catastrophes comme des dommages collatéraux, aussi négligeables que les "bavures" du nazisme. Voyez le Golfe du Mexique : on replâtre les fonds marins, ... et on recommence à forer. Jusqu'à la prochaine. Combien faudra-t-il de catastrophes pour que le modèle en cours soit sérieusement interrogé? Mais chaque catastrophe, après l'émotion immédiate, est immédiatement oubliée. Et puis, cela se passe toujours ailleurs... Comme si la terre n'était pas une et la même pour tous! On continue à penser en termes locaux, régionaux, nationaux au grand maximum. Que nous importe le Japon? Mais songeons un court instant : si c'était Fessenheim, la Vallée du Rhin ou la Vallée du Rhône? On croit s'en tirer en célébrant hypocritement la "dignité" du peuple Japonais. Et si les Japonais s'étaient levés comme un seul homme contre l'incurie de leur gouvernement et la veulerie de leurs sociétés d'exploitation? Mais tout se passe comme si n'était de mise qu'une sorte de fatalisme tacite, de résignation mutique au désastre. "C'est la vie" me disait une brave dame à qui je demandais ce qu'elle pensait de l'événement! "La vie", mais quelle vie? C'est à se demander si les hommes ont encore envie de vivre, si secrétement ils ne sont pas lassés de cette vie présente, si la mort n'est le secret désir au coeur de notre société, au coeur de nos contemporains? Si nous ne sommes pas à présent dans l'âge du "Dernier Homme" décrit par Nietzsche, âge de la facilité, du plus-de-jouir, de l'indifférence cosmique, de la résignation à la fatalité, du nihilisme planétaire.

Double question donc : politique-géopolitique, et anthropologique. C'est notre destinée même, notre vouloir, notre vouloir-vivre, notre désir de vivre qui est interrogé dans ces décours monstrueux de notre modernité. Il n'est pas sûr, aujourd'hui, que la pulsion de vie soit assez forte pour repousser l'émergence catastrophique des pulsions de mort.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
P
GUY,continue de nous parler de cette verite qui est mienne aussi,car il est claire que cette bande de TUEUR NON NON PAS FINI AVEC NOUS, ETRES HUMAIN,ils viennent de commencer l'epuration tant souhaite par leurs ailleux depuis la nuit des temps,avant meme que notre chere planete sois avec nous sur ce chemin que nous empreintons chaque minute comme VIE.Demonte tant que tu peux ce cauchemar qu'ils nous font vivre et ferons vivre a nos enfants si nous les enterrons pas et<br /> surtout le plus profond possible pour qu'ils ne puissent jamais revenir pour nous casser le charme de l'existence que nous perpetuons.
Répondre
F
Eh moi, bêtement, j'essaye de me convaincre depuis le 11 mars, comme depuis ce mois d'avril 86 alors que j'avais à peine 20 ans, que c'est moi qui vois les choses en noir, que ce n'est pas possible, des gens qui dirigent un pays ne peuvent pas être comme ça, c'est impensable, grotesque, absurde et choquant. Mais si, ils le sont.
Répondre
A
Les écologistes<br /> Médecins de la terre<br /> Les "greenpeace"<br /> Résistants des horreurs<br /> Des terriens<br /> Les politiques<br /> Devraient être <br /> Les chirurgiens <br /> De la terre<br /> Non les bourreaux<br /> Des Chercheurs sages passionnés<br /> Pensent aux générations futures<br /> Ils inventent et trouvent<br /> Encore et encore<br /> Des solutions !!!
Répondre
G
Bravo pour cet article ! <br /> Inconscience ou aveuglement ?<br /> 26 avril 1986 on nous a dit que Tchernobyl était une catastrophe soviétique. Un tel accident ne pouvait pas se produire chez nous car vous comprenez, la France , le Japon et les USA maîtrisent parfaitement la technologie nucléaire.<br /> 16 Juillet 2007 un violent séisme frappe le Japon. Fuite radioactive et début d'incendie à la centrale de Kashiwasaki. <br /> 20 juillet 2007 l'AFP titre : " les centrales nucléaires japonaises sont conçues pour résister aux pires séismes." " Elles sont surdimensionnées par rapport au risque sismique."<br /> Souvenez vous c'est déjà loin. <br /> Le 11 mars 2011 Fukushima est qualifié d'incident. Le 12 on parle d'accident. Le 13 c'est une catastrophe. Aujourd'hui on n'en parle plus. Demain on dira " Fukushima, la catastrophe japonaise "<br /> Pauvre France !<br /> Gilles
Répondre
Newsletter
156 abonnés
Publicité
Derniers commentaires
Publicité