12 février 2021
LE CHANT d HYPERION : un poème de Hölderlin
Voici ma traduction du "Chant d'Hypérion" de Hölderlin. Ce texte figurait dans l'édition du roman "Hypérion", dont il exprime la tonalité lyrique et nostalgique. Notons que Brahms a composé un lied orchestral sur les paroles de ce poème, et votre serviteur, dans une existence antérieure, a eu l'honneur et le plaisir de chanter ces vers dans le chapître des barytons. (en allemand, évidemment !)
Vous marchez là-haut dans la lumière
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08 septembre 2020
DU NATIF - et de l'art
Le lundi matin est toujours très difficile. Durant le week-end je me détourne complètement des activités intellectuelles, je me repose, je flâne, je marche, je rêvasse. J'oublie si bien mes recherches de la semaine que je sombre dans une sorte de mollesse hébétée qui ne va pas sans charme, mais si profonde que je me demande par la suite comment je pourrais m'en extraire. J'expérimente l'autre pôle de mon être, me laissant glisser dans l'incurie et le nonchaloir, quelque chose comme une enfance retrouvée.
Sous les... [Lire la suite]
08 juillet 2020
"UN OEIL EN TROP PEUT-ETRE" - de la vision
"Le roi Oedipe a un oeil en trop peut-être". C'est Hölderlin, l'homme blessé, qui écrit cette ligne dans un de ces poèmes flamboyants de la dernière période, dont on a cru bon de suspecter la cohérence. Mais pour un lecteur averti, ami du poète, ces poèmes ne relèvent en rien d'une quelconque maladie mentale, exposant sans fard les résultats poétiques, conquêtes et souffrances d'un esprit exigeant qui a fait de la poésie sa vérité.
Dans la pièce de Sophocle, Oedipe, en effet, est l'homme qui veut trop en savoir, contre la... [Lire la suite]
22 mars 2020
LETTRE A HOLDER, poème
Je me permets de t'appeler par ton surnom, Holder,
Ce beau surnom que te donnaient tes amis,
Et quand tu traversais la salle, disaient-ils,
On eût dit Apollon marchant parmi les hommes,
Beau, grave, pensif et souverain,
Mais tes amis, un à un, t'ont délaissé,
Toi tu suivais, sans regarder de droite ou de gauche,
Ta route d'ombre et de lumière, fidèle
A ce pressentiment, à cette loi de feu
Qui consume le futile
Qui mène, dans l'extrême du... [Lire la suite]
20 mars 2020
ODE à HOLDERLIN : poème
Qui donc es-tu, noble frère du Rhin
Toi Lumineux d'entre tous les poètes
D'aval au long des fleuves laboureurs
Déclinant de la source, de ville en ville,
Et tel Bacchos plantant vignoble de vin pur,
Toi l'errant, le sans patrie amant de sa patrie
Toi le sans père en attente du père,
Qui donc es-tu ?
Les dieux, les... [Lire la suite]
17 mars 2020
LE TRAGIQUE MODERNE : pour l'anniversaire de la naissance de Friedrich Hölderlin 20 mars 1770
Dans sa lettre du 4 décembre 1801 à son ami Böhlendorf, peu avant son départ pour Bordeaux, Hölderlin écrit : "C'est là le tragique chez que nous quittions tout doucement le monde des vivants empaquetés dans une simple boîte et non que, consumés dans les flammes, nous expiions la flamme que nous n'avons su maîtriser".
Chez les Grecs le tragique était violent, et la mort violente. Le héros y est en effet consumé par la flamme qu'il n'a su maîtriser. L'élément natif des Grecs c'est "le feu du ciel", qui brûle et qui consume,... [Lire la suite]
21 février 2020
SOCRATE et ALCIBIADE : un poème de Hölderlin
SOCRATE et ALCIBIADE
"Pourquoi toujours rends-tu hommage, saint Socrate,
A ce garçon ? Ne connais-tu rien de plus grand ?
Pourquoi, avec amour, comme les dieux
Ton oeil le contemple-t-il ?"
Qui a pensé le plus... [Lire la suite]
08 février 2020
LA PENSEE DU POETE : Hölderlin
"La psyché entre amis, la genèse de la pensée dans le dialogue et par écrit (Brief) sont nécessaires aux artistes. Hors de quoi nous n'avons aucune pensée pour nous-mêmes ; elle appartient à l'image sacrée à laquelle nous donnons figure (bilden)." - C'est un extrait de la lettre du 2 décembre de Hölderlin à Böhlendorf.
Ce bref passage exprime l'entrecroisement problématique de trois idées relatives à la "pensée" de l'artiste - terme qui, à son tour, mérite d'être examiné.
L'artiste "n'a pas de pensée pour... [Lire la suite]
20 mars 2019
Sur le DEFAUT de DIEU : Hölderlin
"Il n'a besoin ni d'armes ni de ruses
Avant que l'aide le défaut de Dieu". (Vocation de poète)
En quoi le "défaut" de Dieu peut-il être une aide ? Défaut traduit Fehl, du verbe fehlen : échouer, manquer. On peut entendre le manque de Dieu, au sens subjectif : Dieu me manque - ou au sens objectif : manquement de Dieu, parce que Dieu s'est détourné. Hölderlin dira :" Lorsque Dieu détourna de l'homme son visage...". L'histoire de l'Occident c'est le détournement progressif du divin, que notre... [Lire la suite]
29 septembre 2017
PATMOS : du danger qui sauve
"Proche
Et dur à saisir le dieu.
Mais où est le danger, croît
Ce qui sauve aussi".
C'est le début renversant de la première version de "Patmos", vaste poème plusieurs fois remanié. On cite souvent la seconde phrase : "où est le danger croît ce qui sauve aussi". Mais le début est tout autant digne de méditation : il rend plus intelligible la référence au danger, et à la salvation.
Le rapport au dieu est au centre de la poésie de Hölderlin, rapport intime et problématique.... [Lire la suite]