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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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25 octobre 2021

L' ENIGME ET LE SENS

 

Le meilleur est improbable, le pire n'est pas sûr. Et nous voilà cahotant entre les deux bornes, à la recherche de rien. Aurons-nous même le temps, et la chance d'un bilan ? Peut-être mourrons-nous sans conscience, emportés tout soudain au hasard d'une rencontre fâcheuse, privés à jamais de la solution de l'énigme. Mais il se pourrait bien qu'il n'y ait pas d'énigme, ni de solution, à moins de poser que la solution, précisément, est de voir qu'il n'y a pas d'énigme.

Le contexte originel de l'énigme c'est la parole du dieu, recueillie par la Pythie, transmise à l'homme, parole obscure, difficile à saisir, qui oblige et engage. Seul le dieu possède le savoir, l'homme ne peut s'assurer de rien, il est réduit à errer dans l'incertitude, et pourtant il est sommé d'agir selon le décret du dieu. Il existe bien un Sens, mais ce sens est voilé : d'où les errements, les fautes, les crimes et la souffrance. Toute cette affaire repose sur le préjugé selon lequel il y aurait une intelligence supérieure qui régirait le cours du monde, une intention souveraine qui voue tout un chacun à une place définie, et fixe pour chacun les cadres de sa destinée. Moros : la part destinale qui fait destin.

Les religions excellent à disposer sur l'écran de la réalité un voile opaque, une construction plus ou moins délirante de mythes dont la fonction première est d'obscurcir la pensée pour garantir la pérennité de la croyance. Ce sont les champions de l'énigme : elles mêlent astucieusement le visible et l'invisible, l'apparent et le non-apparent, le manifeste et le latent, laissant entendre qu'il y a toujours quelque chose de mystérieux, d'énigmatique derrière les apparences, des forces occultes, des esprits frappeurs, des entités redoutables, et nous voilà à expecter, quêter, sonder, et le ciel et la terre, à la recherche de la formule décisive qui détermine nos destins. Tout cela serait comique s'il n'en résultait pas, si souvent, des condamnations pour hérésie, des persécutions et des bûchers.

La vraie critique, dans ce fatras infini de croyances, ne consiste pas à démêler le vrai du faux, à sauver ce qui peut l'être. Vous n'en viendrez jamais à bout. La vraie critique c'est de tout refuser, tout rejeter en bloc et d'affronter, le front haut, cette idée difficile et nécessaire, que le Sens est une invention purement humaine, culturelle, née du besoin de sécurité - et nullement une donnée de la réalité. Nous avons projeté du sens sur les choses, les astres, le ciel, l'univers, croyant y déceler des intentions ou des volontés, sans voir que par là nous ne faisions que nous parler à nous-mêmes, à nous y mirer nous-mêmes dans un soliloque narcissique et pathétique.

Les astres ne parlent pas

Le propre des apparences c'est qu'elles apparaissent. Rien en deçà, rien au delà. C'est la position minimaliste, celle qui se tient, toute affaire cessante, à l'orée des apparences,

 

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Commentaires
X
" Quant à moi j'essaie de penser ce qui existerait <br /> <br /> après la dissolution des croyances. "<br /> <br /> <br /> <br /> parfait !
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G
Houah ! Voilà qui est rude ! Je dois accepter ces critiques, par honnêteté, même si elles me semblent un peu décalées par rapport au texte initial. On peut parfaitement apprécier les oeuvres d'art inspirées par la religion tout en étant indifférent au message qu'elles sont censées véhiculer. La croyance ne dit pas ce qui est en réalité, elle dit ce que croit le croyant. Quant à moi j'essaie de penser ce qui existerait après la dissolution des croyances. Je conçois que c'est là un projet qui peut décourager mais il s'inscrit dans la lignée des plus grands penseurs, comme Bouddha et Pyrrhon.
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X
" Tout rejeter, tout refuser " : oui l'idée est belle mais résiste-t-elle à l'épreuve de la réalité ? non bien sûr car on ne peut tout rejeter. Il faudrait rejeter le rejet, refuser le refus. Donc il faut juste être soi-même, garder ce qui nous arrange et jeter le reste. Il n'y a pas de vérité absolue mais seulement des vérités personnelles, relatives.
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P
Quelle triste position que cette "position minimaliste" ! Comment, amoureux de la Poésie et de la Connaissance comme vous semblez l'être, ne lisez vous pas dans les mythes et les textes sacrés toute la quintessence d'une humanité inspirée et "aspirée" vers une transcendance d'une si extraordinaire cohérence ? Pourtant la beauté du monde qui soulève le cœur d'une joie incontrôlable, le merveilleux qui supprime tout questionnement tant il est grand, la puissance effroyable et terriblement belle des éléments déchaînés ... et l'amour ? celui qui grandit l'âme et nous fait l'égal des dieux ? Si l'on ne se sent pas "habité" par ce plus grand que soi, alors effectivement il ne nous reste plus qu'un terne regard narcissique à tourner sur notre petit nombril en recherchant désespérément toujours plus de jouissance, pour fuir l'angoisse du néant ! Désolé, je ne suis vraiment pas de cette espèce-là, et je n'ai nul besoin de me rassurer avec des fadaises...car j'aime même l'idée de devoir mourir... Elle justifie le panache !
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