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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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27 avril 2021

TRAGIQUE ET CONTRARIETE

 

Quel que soit mon chemin il débouche toujours sur le tragique. Le tragique est-il forcément triste ? Ce n'est pas sûr. Pourquoi recherchons-nous les spectacles de sang et d'horreur, de crimes et de vengeance ? Quel plaisir peut-on éprouver à voir Oedipe apparaître sur scène, lamentable et vaincu, les yeux crevés ? Bien évidemment, ce n'est qu'un spectacle artificiel, une mimesis, une doublure inoffensive de la réalité, qui est autrement cruelle. Mais l'art véritable, comme le dieu de Delphes, fait signe vers le plus difficile.

Le tragique est au fond de toute vie, qu'on le sache ou non, qu'on l'admette ou qu'on le refuse. Cela les Grecs le savaient bien, ils en témoignent d'abondance. En quoi ils sont des maîtres de vérité.

Pour ma part j'ai tendance à sentir l'essence du tragique dans le mouvement du temps, qui, inexorablement s'avance en détruisant ce qu'il a initié. Impermanence, bien sûr, mais autre chose encore : une forme mystérieuse, incompréhensible, de flagrante contradiction - ou mieux, de contrariété, qui à tout prendre, est celle même de la vie. Comme si la vie était une formidable machine qui n'a d'autre fin que de détruire les produits de sa création. Faire pour défaire, n'est ce pas absurde, insensé, abracadabrantesque ?

On songe à ces millions d'espèces qui peuplèrent jadis la terre et qui pour la plupart ont disparu sans traces. Et ces sociétés innombrables d'animaux ou d'humains. Et à ce qui nous attend nous-mêmes, à brève échéance.

Pourtant, renversant la perspective, demandons-nous ce qui se passerait si nul ne mourait, si des milliards d'individus étaient contraints de cohabiter sur une planère surchauffée ? Cauchemar pire encore que celui de l'universelle Faucheuse ! Je ne sais si nos apprentis sorciers du transhumanisme, avec leurs promesses millénaristes de non-mort, mesurent la dangerosité de leurs fantasmes.

A l'aube de notre tradition philosophique, Anaximandre déjà avait tracé la figure éternelle de notre monde : "L'Illimité (apeiron) est le principe des choses qui sont. Ce dont la génération procède pour les choses qui sont, est aussi ce vers quoi elles retournent sous l'effet de la corruption, selon la nécessité". Les choses qui sont, advenues à la lumière, retournent là d'où elles vinrent. Seul demeure, éternel et impérissable, le principe immanent qui gouverne tout selon l'ordre du temps.

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Commentaires
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Il y a deux écoles, deux pensées, le tragique et le léger, l'obscur et le lumineux, Schopenhauer et Nietzsche qui sont les deux forces du monde.
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