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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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18 mars 2021

UN AUTRE TEMPS ? - journal du 18 mars 2021

 

Je ne suis pas de ces philosophes affairés qui, vers la nonantaine encore, s'échinent à tout lire, tout commenter, rédigeant livre sur livre, sans goûter jamais au moindre repos, aux délices de la rêverie sous les arbres, harponnés par je ne sais quel aiguillon de gloire ou de devoir. J'admire mais je n'approuve pas. Pensent-ils vraiment que le public ne puisse se passer d'eux, de leurs précieuses contributions, sans lesquelles le monde irait à vau-l'eau ?

Dans le registre physique on nous exhibe tantôt un vieillard de cent ans qui court gaillardement ses vingt kilomètres par jour, soulève des haltères et danse le sirtaki. Soit, mais n'en faites pas un modèle ! Ne nous laissez pas accroire qu'avec un peu de volonté tout un chacun puisse faire de même ! Je vois, parmi les gens de quatre-vingt ans, plus de scrofuleux, de pituitiques, d'obèses ou de squelettiques que de sportifs accomplis. Il faut savoir vieillir, comme, plus jeune, on a su se développer, s'affermir et grandir. Ce qui ne signifie pas qu''il faille se laisser aller à l'inaction, ou à croupir devant sa télévision.

Ces temps-ci souvent je m'interroge, sans trouver encore de réponse valable. Pendant des années j'ai écrit d'abondance, et je ne pouvais faire autrement. C'était ma manière à moi de déployer les questions qui me taraudaient, de les travailler, de les former, de les résoudre dans la mesure où de telles questions pouvaient être résolues par la pensée et l'écriture. Mais quelque chose s'est passé qui fait que ces questions ont perdu leur tranchant, voire leur signification. Ce quelque chose est difficile à définir, c'est le sentiment interne, très confus mais persistant, qu'une étape de ma vie est finie, et qu'une autre commence, dont je ne peux me représenter les contours. Je ne dirai pas que je renonce à écrire - ce serait brusquer le processus en cours - mais je n'éprouve plus comme avant cette nécessité interne qui me poussait, journellement, vers la page d'écriture. Quoi qu'on en dise il y a de la contrainte dans cette activité, mêlée au désir, si bien qu'on ne sait pas clairement si l'on écrit par choix ou par obligation. Sans doute un mélange des deux.

Eh bien, j'entends réduire encore la part relative de l'obligation pour m'approcher autant qu'il est possible du pur désir. Trouver de mieux en mieux la délectation de l'image nettement conformée, de l'idée claire, de la combinaison joyeuse des mots et des phrases, du texte enfin, qui fait voir quelque chose qu'on ne voyait pas, entendre ce qu'on n'entendait pas - et que le premier surpris ce soit l'auteur lui-même. N'écrire n'a de sens que dans la mesure où, par là, le sujet écrivant découvre et révèle quelque chose de sa propre vérité.

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Commentaires
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L' art doit partir du point 0 et se développe selon sa propre créativité. <br /> <br /> <br /> <br /> Shiraga Kazuo
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La perte de la signification, c'est la Voie du silence.
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