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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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25 février 2021

DE LA VEILLE ET DU SOMMEIL

 

Existe-t-il un critère décisif et indiscutable qui sépare l'état de veille du sommeil ? Je me le demande très souvent au petit matin, tout embué de sommeil, l'esprit vaporeux, flottant encore dans les brumes indistinctes du rêve. Certes je finis bien par me réveiller tout à fait, mais il y faut un arsenal de techniques stimulantes : la douche, le petit déjeuner, la petite course pour chercher le pain, le second café, et la première pipe, derrière mon bureau, les yeux ouverts sur les arbres du square. Voilà, j'y suis. La fête peut commencer. Je dis "la fête" pour qualifier l'écriture heureuse, aisée et souple, celle qui vient quelquefois comme une grâce des dieux, mais souvent, hélas, les choses sont plus difficiles. J'insiste un peu, il faut bien secouer le cocotier pour que les fruits tombent au sol, mais quelquefois rien n'y fait, l'esprit reste lourd et glauque, rien ni personne ne peut le réveiller.

Dans l'état de veille il y a des degrés de conscience très différents : la haute concentration, la conscience vigilante, et enfin ces états de rêverie, de quasi somnolence, qui ne sont pas du sommeil, où l'imagination peut librement flotter selon ses propres lois.

Le sommeil comprend des phases de sommeil profond et des phases de sommeil paradoxal, qui alternent tout au long de la nuit. Les phases de sommeil paradoxal - où se produisent les rêves - sont des moments d'activité psychique intense, qui en quelque sorte s'apparentent à l'état de veille. Le cerveau retravaille les informations, les sensations, les émotions de la journée, fabrique des rêves, parfois résout des problèmes en suspens.

Il y a du sommeil dans la vie consciente et de la conscience dans le sommeil. Pour autant on ne peut les identifier, sans que pour autant on tienne un critère sûr de différenciation. Tout se passe comme s'il y avait deux systèmes qui se superposent. Le premier commande l'alternance du sommeil et de l'état vigile en relation approximative avec les rythmes naturels du jour et de la nuit. Le second introduit dans chacun des deux états (le sommeil et la veille) des variations d'intensité qui font que, dans certaines phases, le sommeil ressemble à la veille, et la veille au sommeil. Ce qui expliquerait que nous ayons si souvent l'impression de dormir éveillés, et éveillés en dormant.

Le jour et la nuit, s'ils sont bien des contraires, forment cependant une unité supérieure. C'est en ce sens que Héraclite déclare qu'ils sont un. Dirons-nous qu'il en va de même de la veille et du sommeil ? Ce sont manifestement des contraires (il ne faut pas les identifier) et en même temps ils sont un. La vie psychique est complexe, formée d'éléments hétérogènes, agissant selon des rythmes singuliers, produisant des intensités à la fois variables et régulières, et tout cela est nécessaire à son équilibre. C'est la miraculeuse unité du multiple. On sait qu'on ne peut vivre sans rêver. Ajoutons qu'on ne peut vivre sans penser.

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Etat de veille, de rêve, de sommeil et de mort. Les 4 états avec le même fond mais avec des formes différentes
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