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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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23 février 2021

POURQUOI JE NE SUIS PAS STOICIEN

 

 

A qui  s'étonnera que je ne me réfère qu'à un nombre restreint de philosophes, négligeant des pans entiers de l'histoire philosophique, je répondrai qu'il y a de bonnes raisons à cela. Le point de rupture est clairement posé, c'est l'idéologie, religieuse ou politique. Il faut choisir : on est dedans, ou dehors. J'ai choisi d'être dehors. D'avoir subi de fortes pressions intellectuelles et morales, d'avoir vécu le système de l'intérieur, j'ai rompu à jamais avec la religion et ne veux plus en entendre parler. Si je me suis un temps frotté à l'idéologie politique ce fut une aventure sans lendemain. Dès lors toute philosophie qui n'opère pas cette rupture décisive me semble définitivement disqualifiée, alors même que des analyses locales, souvent excellentes, puissent nourrir ma réflexion.

A titre d'exemple voici pourquoi je ne puis accepter les positions stoïciennes :

Ils considèrent l'univers comme un Tout achevé, parménidien, divin, en expulsant le vide hors de la sphère.

Ils soutiennent qu'une Raison immanente commande tous les phénomènes à la manière d'une Providence. Il y a bien sûr du mouvement, des déplacements, des altérations, mais le mouvement est ordonné, même si l'homme ne peut clairement en percevoir le sens.

Se référant à cette Raison souveraine, l'homme est invité à suivre ses décrets, à s'identifier autant que possible au principe souverain. "Sustine et abstine" - supporte et abstiens-toi. En hypostasiant la vertu on prétend en faire la condition exclusive du bonheur.

Comment ne pas voir dans cette représentation de la nature - une nature conforme aux désirs d'ordre, de raison, de finalité - une projection fantastique, un effort désespéré pour rendre la nature "humaine", en gommant systématiquement tout ce qui, dans la nature, est irrévocablement "étranger", hostile, inassimilable, y compris dans la nature humaine, où le jeu violent des passions oppose un déni farouche aux entreprises de la raison. Il en résulte une distorsion intellectuelle indépassable, et, pire encore, une distorsion psychique inquiétante. On se voudra sage en bâillonnant les passions et les émotions, et l'on ne fera que tricher et mentir. Il est dangereux de s'imposer une morale inapplicable. Cette remarque vaut aussi bien pour le christianisme. Quand on veut brider la chair on crée des déformations perverses et monstrueuses.

 

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Commentaires
X
Très juste, l'univers est plutôt un organisme vivant ou l'ordre est précaire et le chaos toujours en embuscade.
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J
Bonjour Guy,<br /> <br /> Je passe de temps à autre sans laisser de commentaires.<br /> <br /> Un article clair où je me sens en accord avec tes dires.<br /> <br /> Merci.
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