NOTE sur "LE CHANT DES ORIGINES"

Si présentement je ne puis ni travailler ni écrire, pour éviter une béance inquiétante dans la suite des textes, je me suis décidé à republier des textes plus anciens, et nommément cette suite intitulée "Le Chant des Origines" qui occupe une place à part dans ma mythologie personnelle. Et d'abord par sa genèse. Il fut rédigé d'un seul jet, dans un état de bouillonnement psychique ininterrompu, avec la plus grande facilité. Ce qui certes n'est nullement un gage de qualité, mais pour l'auteur une expérience exaltante, rarissime au demeurant. C'est comme si des années de réflexion, de tentatives plus ou moins malheureuses, trouvaient soudain leur moyen d'expression, l'image adéquate où elles pussent germer et fleurir. Heureux celui qui put faire se rejoindre, par les moyens de l'art, ses intuitions fondamentales et la juste consonnance du discours !

Encore un mot sur le titre. J'ai délibérément choisi la formule la plus ancienne des oeuvres philosophiques conservées : "peri phuseos" - de la nature. Ou "De natura rerum" - de la nature des choses. Mais phusis et natura désignent l'origine, la naissance, ce à partir de quoi le vivant s'élance et se déploie : source et ressource. Et dans re-source nous percevons quelque chose du mouvement qui va en avant, mais revient aussi, dans un balancement où les contraires se contrarient et s'allient, assurant la perpétuation de la vie.

J'exprimerai enfin ma gratitude infinie à quelques penseurs exceptionnels, Héraclite, Empédocle, Epicure, Lucrèce. La puissance poétique des uns rencontre avec bonheur la fermeté philosophiques des autres, réalisant le miracle d'une unité supérieure, indépassable.