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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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10 septembre 2020

DE LA VANITE

 

Montaigne : " Elle (la créature humaine) se sent et se voit logée ici, parmi la tourbe et le fient du monde, attachée et clouée à la pire, plus morte et croupie partie de l'univers, au dernier étage du logis et le plus éloigné de la voûte céleste, avec les animaux de la pire condition des trois ; et se va plantant par imagination au dessus du cercle de la lune et ramenant le ciel sous ses pieds (...)".

"Parmi la tourbe et le fient du monde"...Un moderne dirait plutôt : sur une pauvre planète d'un système solaire insignifiant qui gravite aux bords extrèmes d'une galaxie qui n'est elle-même qu'un point dans l'immensité du ciel. Mais l'idée est évidemment la même, avec, chez Montaigne, une intention résolument critique à l'égard de la présomption et de la vanité humaines. Humilier l'homme, le ramener à la vérité de sa condition, sans faux fuyants. Pascal s'en souviendra, qui copie le texte de Montaigne, presque mot à mot.

La vanité humaine, dans ce texte de Montaigne, s'exerce en particulier au dépens de l'animal, auquel les humains refusent toute intelligence, et qu'ils traitent souvent avec cruauté. Songeons aux conditions horrifiques dans lesquelles sont parqués les porcs, les vaches, les poules et autres bestiaux. Voilà une politique dont nous devrions avoir honte, qui ne peut se prévaloir d'aucune justification. Que l'on abatte la bête, passe encore, mais qu'on la maltraite, la stresse, la mutile, quelle horreur !

Dans le même esprit il fera le procès des scandaleuses conduites des conquérants du nouveau monde : de quel droit telle civilisation s'estime-t-elle dépositaire de la vérité, de la justice et des bonnes meurs, pour prétendre les imposer aux autres, considérer l'étranger comme un barbare et en tirer argument pour le réduire en esclavage ?

La vanité, fort justement dit deux choses : l'enflure narcissique et le vain, le vide. La vanité c'est l'enflure du vide. On se hausse du col, on s'enfle, on se dilate, on se redresse, on fait le fier à la mesure exacte de sa nihilité. Un homme vraiment intelligent prend la mesure des choses et de soi-même, il est réservé, il réfléchit, il écoute, il parle sans fanfaronner, toujours discret, toujours aimable. Ces qualités manquent à la plupart qui n'ont pour souci que de parler plus fort que le voisin, quel que soit par ailleurs la teneur du propos.

Oui la vanité est haïssable, et ridicule, et dérisoire plus encore. Mais dans certaines de ses formes, dangereuse et criminelle, en particulier quand elle s'allie à la force : alors le pire est à peu près sûr.

 

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