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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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23 juillet 2020

RELAXATIONS DE FRANCHISSEMENT

 

Au niveau du langage conscient il est quasiment impossible d'élaborer quelque chose de valable au sujet de nos expériences de franchissement. (Pour ce terme important je renvoie le lecteur à l'article précédent, qui en donne une vision approchée). Ce qui est vécu dans ces expériences difficiles et décisives nous échappe en grande partie : c'est d'abord une aventure émotionnelle qui réactualise les angoisses de la rupture, de l'abandon, de l'esseulement, de la perte de sécurité et de confort, avec la peur de l'inconnu, le sentiment du risque le plus grand, lequel toutefois ne va pas sans un certain coefficient d'exaltation, mélange baroque de sentiments fluctuants et contradictoires.

Le froid raisonnement n'apporte qu'une aide superficielle. Les avis de ceux qui nous écoutent et tentent de nous aider sont de peu de poids. Comme on dit : les conseils ne font de bien qu'à ceux qui les donnent, et ceux qui les reçoivent, le plus souvent, ont le sentiment juste qu'ils n'ont pas été vraiment écoutés. De toute manière l'expérience du franchissement est d'abord une aventure strictement personnelle, obscure au sujet lui-même, et à peu près incommuniquable.

Ma pratique de la relaxation m'a conduit à concevoir des séquences de franchissement. Elles ne peuvent être menées qu'auprès de personnes qui ont déjà une certaine expérience de la relaxation (relaxation du premier degré), capables de se détendre, de mettre au repos les membres, les muscles, les organes internes. Après quoi on peut envisager d'aller plus profondément, de proposer un certain voyage mental,  de mettre à l'unisson le corps et l'esprit dans une exploration guidée, en précisant à chaque fois quil ne s'agit de rien d'autre qu'une suggestion, et que chacun est libre de refuser si le thème proposé ne convient pas. Auquel cas il est conseillé de revenir simplement à la relaxation de détente.

Quelques exemples : après une agréable promenade en forêt vous voyez devant vous une grande porte de pierre, un passage large entre les deux battants ouvre sur un parc, tout au fond une fontaine qui chante, une esplanade entre les ombres épaisses du bois... Vous êtes devant la porte, vous regardez de l'autre côté, quelque chose vous y attire. Surgit alors un vieil homme qui vous regarde attentivement. Que veut-il ? Il fait un signe de la main droite. Il vous invite à avancer. Vous pouvez revenir en arrière si vous le souhaitez, ou bien franchir le seuil. Que faites-vous ?

Plus difficile ...Devant une cascade. Passer à travers. Derrière s'ouvre une grotte. On ne distingue pas encore ce qu'elle contient. Avancer ou revenir en arrière ? Laisser chaque personne imaginer pour elle même le contenu de la grotte. En faire le tour. Explorer. Laisser venir les images qui remontent de l'inconscient. Puis, après un temps de silence, conduire vers la sortie (il vaut mieux poser une sortie à l'autre extrémité de la grotte pour éviter un retour mental à la situation de départ). Après la relaxation aménager un silence pour laisser chacun vivre quelque temps avec les sensations et les images qu'il a traversées.

Autre exemple : passer le col d'une montagne. Cela risque d'être trop banal, trop convenu, sauf si vous créez une dramatisation qui oppose clairement le connu (ce côté-ci) et l'inconnu (l'autre côté), la sécurité et le risque. Que cherche-on, que désire-t-on,  que trouve-t-on ?

Ce thème peut également être mis en scène dans le passage d'une rive du fleuve à l'autre, en notant qu'il renvoie à de riches symboliques traditionnelles qu'on évitera soigneusement de mentionner mais qui sont présentes de toute manière dans l'inconscient collectif.

Ce ne sont là que des exemples, mais tous ils renvoient à une problématique du franchissement. A ce titre ils peuvent éveiller une certaine charge émotionnelle, qui peut être désagréable ou agréable, mais dont la finalité est de tracer un certain itinéraire psychique, en faisant confiance à la puissance de l'imagination, qui souvent est plus apte à dire le vrai que nos constructions théoriques. Ce type de relaxation (relaxation du second degré, voisine du rêve éveillé) possède à ce prix une belle vertu thérapeutique.

 

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