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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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7 juillet 2020

UNE ETRANGE MALADIE

 

L'été, en cette année troublée, fait une entrée claudiquante, incertaine et cabocharde. Tout ce qui se donne à voir semble frappé d'incertitude, comme si le temps lui-même se mettait à balbutier, et que rien n'assurait plus le passage d'une heure à la suivante. C'est bien sûr une illusion née de nos déboires récents, et chacun sait bien que le temps ne s'arrête jamais, et que, comme dit le poète, c'est nous qui nous arrêtons, ou plutôt, qui trébuchons d'heure en heure, comme ivres, pris de vertige, tremblotants et vacillants.

Où l'on voit que les choses, contrairement à l'adage, ne s'arrangent jamais, mais tout au contraire, vont leur train d'oscillations, de contorsions, de retours apparents, et de brusques ruptures.

"Pragmata" - des choses qui arrivent, des choses qui passent. Sans mesure, hors mesure. Glissade sans début, et sans fin.

Lorsque nous nous mêlons de totaliser, d'unifier, de com-prendre, c'est toujours en prélevant sur le tout en mouvement quelques pièces particulières que nous aménageons à notre farine, à notre image, négligeant tout le reste, qui s'échappe, qui se moque bien de nos farcissures.

C'est une étrange maladie que cette disposition-là, qui perçoit jusqu'à l'os le flux, la fluence, la non-consistance, en soi-même d'abord, jusqu'au vertige, et en toute autre chose du monde, ivresse d'un mouvement sans signification et sans but, dans lequel nous allons, ou plutôt chavirons, ballottés par la vague de fond qui emporte l'univers.

Etrange maladie, dont on ne guérit pas, qui modifie en profondeur toute l'organisation mentale, qui confère à celui qu'elle atteint une singulière pénétration : "un oeil en trop peut-être", et un regard qui fixe dans la forme l'absence de toute forme, le point mobile, invisible, point de fuite qui emporte la forme dans le vortex tourbillonnaire.

Certaines maladies valent mieux que la plate santé. Surtout si l'on considère que, de cette maladie-là, le "malade" ne se plaint nullement. Parvenu à ce seuil il n'envisage pas un instant de revenir à la perception commune. On se souvient de cet apologue fameux, où, consulté par les habitants d'Abdère qui croyaient Démocrite devenu fou, Hippocrate déclare que ce n'est pas Démocrite qui est fou, mais bien les habitants d'Abdère !

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