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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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2 avril 2020

CONFINEMENT : de la lecture

 

Un brin de tristesse ce matin. Il a bien fallu quitter une fois de plus mes chers amis Mousquetaires après tant de jours heureux passés en leur compagnie - et en celle d'Alexandre Dumas, que je ne remercierai jamais assez de toutes les joies qu'il me donne. Je l'avais découvert alors que je moisissais religieusement à l'internat, et c'était une merveilleuse évasion hors des murs, des cantiques et des dévotions qui faisaient l'ordinaire de nos journées de confinement. Est-ce un hasard si je retrouve, en ces temps de confinement universel et obligatoire, cette souveraine parade qui m'ouvre le chemin de l'aventure rêvée, de la galanterie chevaleresque, des rixes et batailles imaginaires ? "Eloge de la fuite" - quand le monde resserre son étreinte, quand tout vous enserre et vous blesse, si vous ne pouvez ni lutter ni fuir, envolez-vous !

Ce ne sont pas les philosophes que je lis dans cette situation présente, il me faut de la légèreté, de quoi m'élever, m'enivrer, m'envoler ! 

Il y a dans "Vingt ans après" le délicieux tableau du château de Porthos : de belles prairies bien grasses, des bois courant le long d'une rivière, une douce atmosphère de prospérité et de sérénité, et, au fond du vallon, une belle gentilhommière de pierre blanche. On songe à la propriété d'Alkinoos complaisamment décrite par Homère dans l'Odyssée, où Ulysse, conduit par Nausicaa, est amicalement reçu par le maître de maison. Images du bonheur champêtre qui font croire que le bonheur est accessible, mieux encore qu'il est là. Et pourtant...Porthos s'ennuie. Il rêve d'un titre de baron qui lui donnerait enfin la réputation qui lui manque. Quant à Ulysse, à qui Alkinoos donnerait volontiers sa fille, il ne saurait rester, il ne songe qu'à retrouver son épouse et ses terres. Et quand il les retrouvera enfin, que fera-t-il ?

Le premier effet du confinement est de briser la logique du désir qui nous entraîne toujours ailleurs, nous faisant mépriser l'ici et surévaluer l'ailleurs. Nous voilà bien obligés de nous contenter de nous-mêmes, de chercher en nous-mêmes des ressources que nous avons sans doute mais que nous n'avons guère su développer. Et quand nous sommes lassés de nos ressassements il nous reste la lecture, la merveilleuse évasion dans le temps et dans l'espace. Ce n'est pas le bonheur, c'en est même une toute petite partie, mais elle infiniment précieuse.

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