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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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17 mars 2020

LE TRAGIQUE MODERNE : pour l'anniversaire de la naissance de Friedrich Hölderlin 20 mars 1770

 

Dans sa lettre du 4 décembre 1801 à son ami Böhlendorf, peu avant son départ pour Bordeaux, Hölderlin écrit : "C'est là le tragique chez que nous quittions tout doucement le monde des vivants empaquetés dans une simple boîte et non que, consumés dans les flammes, nous expiions la flamme que nous n'avons su maîtriser".

Chez les Grecs le tragique était violent, et la mort violente. Le héros y est en effet consumé par la flamme qu'il n'a su maîtriser. L'élément natif des Grecs c'est "le feu du ciel", qui brûle et qui consume, mais aussi, qui forge les destins les plus exemplaires. Et notre poète, quelques lignes plus loin, confesse à son ami la proximité du péril : "je redoute qu'il n'en aille de moi comme de l'antique Tantale à qui advint, venant des dieux, plus qu'il n'en put digérer". L'heure est venue d'opérer un tournant natal, et après avoir exploré l'antique, de revenir au plus proche, sachant que le plus proche est aussi le plus difficile. Il faut un détour, un voyage lointain et périlleux, pour savoir enfin comprendre et apprécier le plus proche, les collines, les vignobles du pays natal, et le ciel, surtout, avec ses nuages et ses orages, la lumière qui révèle la richesse infinie de ce monde.

Oui, le tragique selon l'antique a vécu. Chez nous il est plus ordinaire, plus banal, moins extatique. C'est l'agonie, c'est la mort lente - inexpressive en somme, sans relief ni trompettes. Est-il même possible, dans ces conditions, d'écrire encore une tragédie, une tragédie moderne ? Hölderlin lui-même, qui s'y est essayé, a dû renoncer. C'est dans la forme de l'hymne qu'il saura le mieux exprimer la vérité du plus proche :

               "Entre temps laisse-moi flâner

               Et cueillir des baies sauvages

               Pour étancher l'amour de toi

               Sur tes sentiers, ô Terre...

 

               (-) De doux tilleuls embaument

                Des hêtres, à midi, quand au champ de blé fauve

                La croissance frémit, dans le chaume raide,

                Et l'épi couche sa nuque de travers

                Comme à l'automne, or voici sous la haute

                Voûte des chênes, quand je médite,

                Et questionne là-haut, la cloche

                A moi familière

                Au loin qui sonne, tintement d'or, vers l'heure

                Où l'oiseau se réveille. C'est bien ainsi".

 

 

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