Il est tant de choses
A laisser, qu'elles tombent
D'elles-mêmes comme feuilles,
Ou qu'un génie indifférent,
Ou qu'un sort malveillant s'en empare et les jette
Au sol, les déchiquette,
Pauvres déchets de ce qui fut la vie. C'est le destin
Faste ou néfaste,
Qui nous travaille, nous tenaille
Nous saisit, nous transit
Jusqu'à l'incandescence,
Et quelquefois nous hisse jusqu'au faîte,
Duquel hagards nous retombons
Dans le désert de l'ordinaire.
Et le désir,
L'amour, le bel amour,
Comme roses s'effeuillent au vent,
Et ce que nous étions
Et ce que nous aimions,
S'étiole dans le temps.
La vie va à la mort, c'est ainsi.
Ah puisse le poème, au moins, du fond de la profonde nuit,
Comme un bouquet d'étoiles parfumées,
Nous faire croire, le temps d'un rêve,
Que notre vie ne fut point vaine,
Encore qu'elle courre comme l'eau
Qui tout ramène au point zéro.