FLUX : méditation
Nous croyons que nous sommes des corps
Stables comme des marbres - hélas
Nous ne sommes que des flux
Flux branchés sur d'autres flux
Flux de flux, milliards de flux
Ils coulent de toute éternité
Dans tous les sens à la fois
Nul ne sait d'où ils viennent, où ils vont
Mais ils vont
Inexorablement branchés, entremêlés,
Et tous ils vont
Inexorablement
Sans cause, sans raison
Et sans destination
Parfois un bout de flux s'effondre sur lui-même
Comme un vieux cheval fatigué
Mais le cours général n'en est pas affecté
Portant cadavres comme fétus de paille
Bien des choses étranges glissent au fil
Tout cela ne signifie rien, ne veut rien
C'est une éternité de bruit et de non sens
Rien ne commence, rien ne finit, tout continue
Ah que je flotte un long moment au fil de l'eau
Léger, abandonné,
Et là-bas, quelque part, au milieu des roseaux
Je n'aie plus souvenir d'avoir jamais été !