HELENE : poème
J'ai rêvé que je parlais trois langues
La première je l'ai oubliée
La seconde me sert à parler
La troisième il faudrait l'inventer
Mais la plus belle c'est l'hellène
Riche, souple, extrêment polie
Corps de femme suave et jolie
Irrésistible comme Hélène
Qui séduisit Pâris
Elle a des accents délicats
Pour dire blessure d'amour
Des vibratos de tessiture
Pour cantatrice à l'opéra
Viole de gambe viole d'amour
Irène Papas est mon idole
Plus que Carmen ou Sevilla
Volontiers je donne l'obole
Pour plonger dans cet enfer-là
Où la passion tous nous affole
Amour et mort, sombre mélange
Le plus doux et le térébrant
On fait le démon on fait l'ange
Poison doré, philtre brûlant
Vraiment je fais rêves étranges.
Allons ! je dirai de courage
Le soc du temps qui nous ravine
Rêves des hommes d'âge en âge
Et le destin qui nous destine
A laisser trace du passage
Il faut aimer ce que nous sommes
Ce peu de vie, ce trop d'envie
Ce temps ladre qui nous consomme
Et le douloir et la folie
Qui font, pauvres de nous, des hommes.