FADO : poème
Je rêvais du poème intégral
Qui dirait tout de tout
Lorsque soudain une voix se fit entendre
Voix de femme, en bas, sous ma fenêtre
Une voix qui chantait quelque chose comme un fado mélancolique
Qui remuait le coeur et le péricoeur
Une voix qui parlait au destin
Qui parlait des pauvres gens écrasés par la vie
Des coeurs blessés
Des déchirures d'amour
De celles qui s'inscrivent dans la chair
Qui ne cicatrisent jamais
La femme était debout au milieu de l'allée
On pouvait croire qu'elle mendiait
Les gens passaient sans s'arrêter
Et moi, dans mon bureau, derrière ma fenêtre ouverte sur le square
Je n'étais plus qu'oreille
J'étais au Portigal au bord de la mer
Et pourquoi pas en Grèce dans une île ionienne
Dans une de ces îles dont le nom chante à l'oreille
Lesbos Patmos Samos Santorini,
Et voici le bouzouki
Et la voix et le bouzouki ensemble chantent
C'est Sappho, la merveilleuse, qui resurgit de la mer
Elle chante l'amour perdu
Avant de se jeter une seconde fois
Du haut de son rocher
Dans les flots de la mer.