La GEISHA HAS BEEN
Elle était toute délurée
Bien qu'elle se souhaitât zen
Et gomminée, peinturlurée
Elle jouait du samisen
D'une voix molle susurait
Entre ses lèvres rouges brique
Sa langue tantôt dessinait
Une farandolle lubrique
Et tantôt raide se dressait
Serpentine et ithyphallique
J'écoutais sa chanson morne
Un long cigare entre les dents
Rêvassais vague sous les ormes
Enlacement et baillement
Au fond d'une fumerie borgne
Fut-elle exquise, que m'importe
Son fond de teint coule à foison
Les joues s'affaissent, flasques, en sorte
Que les couleurs hors de saison
Paraissent comme feuilles mortes
Je la regarde et je soupire
Certes elle était belle d'antan
Mais il n'est vraiment rien de pire
Sous le soleil que le dur temps
Qui nous fait naître et nous déchire