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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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23 décembre 2016

LAICITE : l 'Etat et la croyance.

 

De tous côtés on entend le grondement sinistre de la réaction en marche. Pour ceux qui, comme moi, ont connu les belles années de la liberté retrouvée, dans le dernier tiers du siècle précédent, quand tout semblait possible, accessible, et comme offert au désir, ce qui se passe depuis le début de ce siècle nouveau sonne étrangement à nos oreilles, et ne laisse pas de nous inspirer inquiétude et dégoût. Qu'avons-nous de commun avec les tristes sires qui veulent nous imposr un retour à des "valeurs" supposées éternelles, et qui ne sont que le produit éventé d'un remâchage réactif et mortifère ? Certes il y eut parfois quelques abus dans l'exercice de la liberté, mais c'étaient là les polissonneries d'un esprit débridé, juvénile, mal éclairé sur les droits et les devoirs. Cela ne justifie en rien un retour de bâton, encore moins du sabre et du goupillon. Tous les prétextes sont bons, aujourd'hui, pour serrer la vis, restreindre les libertés publiques et individuelles, mettre en place une surveillance généralisée, éteindre l'esprit de libre examen. Depuis quelques décennnies déjà, en sourdine d'abord, puis de plus en plus ouvertement, la réaction religieuse avance ses pions, grignote de nouveaux droits, que rien ne justifie dans la Constitution, mais qui curieusement sont tolérés par les autorités. L'Etat aurait-il perdu son droit souverain d'intervention dans les affaires publiques ? Que devient la séparation de l'Eglise et de l'Etat ?

Je ne suis en rien un laïcard haineux et revanchard qui veut éliminer les cultes et les institutions religieuses. Par laïcité j'entens la liberté, garantie par l'Etat, de croire ce que je veux, de ne pas croire, de pratiquer ou non un culte dont les fondements ne contreviennent pas à l'ordre et la sécurité publiques. Rien de plus, rien de moins. Cette conception pacifique et réconciliante, d'aucuns voudraient l'abroger, forcer autrui à croire, le forcer à suivre non les règles de la société politique, mais celles d'une obédience religieuse particulière. Le droit à avortement, par exemple, est contesté par des groupes activistes, qui, non contents de s'interdire à eux mêmes le recours à cette possibilité - ce qui est leur droit, respectable en soi - veulent unilatéralement en priver les autres. Pourquoi certains croyants ne peuvent-ils supporter que les autres ne croient pas comme eux, n'agissent pas comme eux, s'autorisent ce qu'eux même s'interdisent ? La réponse est évidente : c'est la jouissance. Comment admettre qu'autrui jouisse là où je ne jouis pas ? Jouissance purement fantasmatique, car je ne vois guère de jouissance réelle dans un avortement.

Un des fondement des systèmes religieux c'est l'interdit. Pas de religion sans interdits. Le croyant s'imagine que si l'on ne respecte pas les interdits religieux on ne respecte plus rien. Voyez les discours délirant de tel évèque fustigeant le mariage homosexuel, assimilé à une pratique bestiale entraînant la fin de la civilisation. Je ne pense rien de particulier du mariage homosexuel, mais je ne saurais y voir un retour à l'état de nature. Les interdits laïcs sont tout aussi puissants, contraignants que les les interdits religieux, mais infiniment plus sélectifs, moins envahissants : ils ne règlent pas le détail de la vie privée comme les innombrables prescriptions des fondamentalistes, ils se contentent de définir les limites qui rendent possibles une vie sociale civilisée - du moins dans un état de droit qui ne bascule pas dans le totalitarisme.

Notre société a bien des défauts, elle n'est en rien exemplaire, mais elle a su au fil de l'histoire établir quelques principes fondamentaux dont l'esprit est juste, même si de nombreux abus, dénis de justices et autres en ternissent l'image. Il me semble plus sensé d'amender et de corriger ce qui existe que de vouloir introduire des principes fumeux, restrictifs et attentatoires, au nom de quelque croyance particulière et partisane. L'Etat doit viser le bien général et non se laisser corrompre par des intérêts particuliers. Si l'Etat échoue à remplir son rôle, c'en est fait de toute liberté et de toute beauté en ce monde.

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Commentaires
G
Ne dites pas trop de mal du chat ! Il ne manque pas de qualités philosophiques aux yeux de qui s'est dépouillé de l'attirail pesant de la normalité .
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O
Bien vu Par Kongfuzi. On ne peut que mener le peuple par le bout du licol. La religion de Dieu ou la religions plus agréable de l'yper-consommation font l'affaire. Quelques utopiste, dont moi, rêvent que le peuple enfin s'éveille à la "pensée", à la conscience d'aux-mêmes. Mais la masse n'aime pas penser, ni la vérité; la vie du chat leur sert de modèle.
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K
L'extrémisme religieux actuel est semblable à celui de l'ultra gauche ou de l'anarchisme qu'a subie la France dans les périodes de 1979 à 1987. Les revendications sont presque les mêmes avec seulement un vernis religieux avec l'islamisme radical. Car que demandent t- ils au juste ? De ne plus être les dernières roues du carrosse. De jouir autant que l'élite des fruits du libéralisme. La frustration est sociale et nécessite des réponses strictement politique et civique. Hors, c'est l'impasse. Si les "derniers" possédaient autant que nos élites en terme de capital culturel, financier et matériel, de réseaux pour se mouvoir et prospérer, ils ne perdraient pas leur temps à s'en prendre aux forces de l'ordre (lequel ordre ? Celui de l'élite), à brûler des pneus ou casser des abris-bus, à maudire leur pays de naissance, d'adoption ou d'asile. Que peut-on tirer d'un esprit instable, en colère, dans la réaction ? Rien de bon. Le désordre. L'horizon du radicalisme religieux il est semblable à celui du marxiste ou anarchiste. C'est un horizon heureux où les souffrance auront disparu. Les désirs matériels et moraux de chacun réalisés. L'extinction de la souffrance en fait. L'extinction de la souffrance atteinte. L'idéologie promet la réalisation de tous les voeux depuis un présent qui est synonyme de frustration et souffrance. Il est nécessaire de rappeler la responsabilité du monde politique et médiatique. Le politique car c'est celui vers lequel toutes les attentions sont tournées, on lui donne la parole, et que fait t - il ? Il agit en mercenaire, délinquant narcissique agissant pour son propre compte et non pour la majorité qu'il représente, tirant avantage de divisions et prospérant sur les crises, montant les uns contre les autres, essentialisant les uns pour les faire haïr des autres. Semblable aux divisions internes qui minent les membres d'une même famille où au lieu de s'aider mutuellement, ils s'entretuent davantage. Il n'en restera qu'un. Du moins, un pour jouir les fruits du conflit. Alors qu'une meute partage pour assurer sa survie. Puis, l'appareil médiatique qui fait son beurre sur la crise sociale, véhiculant une vision cynique du politique, troquant un réel fait de possibles et de possibilités pour un réel appauvri, sans valeurs, une immense accumulation de spectacles, maintenant une population déjà vacillante dans une perpétuelle insécurité de l'esprit. Sur la défensive. Enfin bref, les racines du mal sont accessibles à l'analyse. Et que fait le quidam face à tout ça ? Il cherche les moyens qui lui permettent s'agir, de sortir du marasme, de s'inscrire, de se réaliser, les circonstances historiques font que sur son chemin il rencontre le dogmatisme religieux lui offrant vérité, règles de conduite, un arrière-plan épique et héroïque, une dignité retrouvée, un sens.
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O
Espérons que l'extrémisme religieux encouragé par des sourates sélectionnées pour encourager le combat contre les infidèles n'entraîne pas trop de musulmans bon teint dans leur délire de puissance et de mort. Mai quel défense a ce mulsulman bon teint, souvent peu cultivé et peu instruit face à des injonctions activistes proclamées au nom du Coran?
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K
Là n’est pas la question d’éliminer les cultes et institutions religieuses. Où il y a un homme, il y a une croyance, un monde, une pratique. C’est une réalité dont on ne pourra jamais se passer. Il faut s’en accommoder dans le sens de cohabiter et la réguler si l’ordre public est troublé. Il faut relire la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, La Constitution du 4 octobre 1958 en vigueur et la Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l'Etat. En tant que membre du corps social, je ne suis pas censé ignorer ces textes car ils sont le cadre dans lequel mon existence, ma liberté et mes droits s’exercent. Ils m’ont préexistés et je m’y insère. Ils me délimitent et ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi. Il est indiqué également que nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi, que la République assure la liberté de conscience, qu’elle garantit le libre exercice des cultes, qu’elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Tout est dit, explicitement. La République démocratique garantit ma liberté d'aller et venir, d'opinion, d'expression, d’association, de réunion, de manifestation, etc…<br /> <br /> <br /> <br /> Maintenant, lisons un passage du «De rerum Natura» de Lucrèce :<br /> <br /> <br /> <br /> «Il est doux, quand la vaste mer est troublée par les vents, de contempler du rivage la détresse d’un autre; non qu’on se plaise à voir souffrir, mais par la douceur de sentir de quels maux on est exempt. Il est doux encore d’assister aux grandes luttes de la guerre se développant dans les plaines, sans prendre sa part du danger. Mais il n’est rien de plus doux que d’habiter ces sommets élevés et sereins, ces forts construits par la doctrine des sages, d’où l’on peut apercevoir au loin le reste des hommes égarés dans les routes de la vie, y luttant de génie, y contestant de noblesse, s’épuisant en efforts et le jour et la nuit, surnageant enfin pour saisir la fortune et la puissance. Ô malheureuses pensées des humains! esprits aveugles!».<br /> <br /> <br /> <br /> Qu’est-ce à dire ? Qu’en France, nous sommes bien logés au vu de ce qui se passe dans d’autres points sensibles du globe. Quand je dis «logés», je parle bien de nos droits naturels (la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression) qui sont respectés. Alors réjouissons-nous ! Et comme le dit Epicure dans sa Lettre à Ménécée : «...il faut méditer sur les causes qui peuvent produire le bonheur…». Et ce bonheur dont il parle, c’est le plaisir qui consiste pour le corps à ne pas souffrir et pour l’âme, à être sans trouble. Est-ce qu’en France, les conditions sont réunies pour produire l’ataraxie et l’aponie ? Un grand OUI !<br /> <br /> <br /> <br /> Donc après cet état des lieux, que dit le réel ? Qu’il n’y a en France aucune inquisition, institution ou organisation qui cible tel ou tel groupe religieux. Que vous êtes libre de croire sans être inquiété de votre opinion religieuse. Que vous pouvez travailler et entreprendre, en plus de disposer d’une protection de la santé, de la sécurité matérielle, du repos et des loisirs. Qu’en cas d’incapacité de travailler, vous avez le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence. Que vous pouvez vous instruire, accéder à la formation professionnelle et à la culture… Quoi de plus ?!<br /> <br /> <br /> <br /> Au regard des textes, vous et moi sommes libres et égaux ! Nous avons les mêmes droits. Puis, si le réel ne correspond à l’esprit du texte, c’est qu’il y a un soucis chez les hommes et pas ailleurs ! L'homme est la mesure de toute chose ! Puis, pour la fraternité, ce lien qui existe et qui devrait unir et exister entre les membres de ce corps social qu’est la nation française, il faut le promouvoir ! Il ne tombe pas du ciel ! La voie royale, c’est la langue française et son usage ! C’est par elle que les représentations communes et collectives sont transmises et partagées !<br /> <br /> <br /> <br /> La pseudo crise sociale que traverse sociale, c’est quoi au final ? C’est 1. La Globalisation et ses effets au niveau local (dans l’Hexagone et ses territoires d’outre-mer) en France. Il y a des gagnants et perdants. Les gagnants ont le capital culturel pour jouir et prospérer des fruits du phénomène. Les<br /> <br /> <br /> <br /> autres galèrent, protestent, grognent, détruises, tuent ! C’est 2. La crise et revendication identitaire de nombreux français. C’est lorsque vous menez une vie schizophrénique entre le pays dans lequel vous êtes né et appartenez et le pays duquel vos parents et vos origines (linguistiques et ethniques) proviennent. Votre corps est bien ici mais votre esprit est flottant et inscrit nulle part. Dans un “ailleurs”. Hors cet “ailleurs” le plus souvent est un souvenir, une cristallisation d’un moment T de l’histoire, une représentation du pays d’origine, qui n’existe plus ou qui n’a jamais existé ! “L’ailleurs“ est une impasse et sera le socle sur lequel la revendication identitaire va naître. De lui, des choses peuvent advenir mais il faudra un jour ou l’autre choisir, décider de son inscription dans un lieu. Et la très vite arrive le conflit ! Soit je m’inscris dans le fantasme, dans le souvenir, dans ma construction mentale, dans ma croyance. Soit je m’inscris dans le cadre défini (qui garantit mes droits) par les textes fondateurs de la république et j’accepte les exigences qui en découlent, tout en adaptant ma croyance. Et non le contraire. Car l'ignorance, l'oubli ou le mépris de ces fondamentaux sont les seules causes des malheurs individuels et publics. Le monstre radical serait donc un mélange complexe entre le frustré, perdant du système libéral et le défaillant narcissique dont le subjectivité est vacillante, non cadrée et régulée par la Loi. Le bricolage identitaire et l'adoption d'un dogme religieux étant comme dans la maladie, une tentative de guérison, comme un effort tenté pour rassembler les éléments dissociés, pour en faire un tout puissant en face du monde extérieur. Un mécanisme de défense face à un monde hostile. J'emprunte les mots de Freud dans son Moïse et le monothéisme.
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