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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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20 décembre 2016

PULSION de MORT

 

J'entends dire que les nécrophages assassins qui ont le courage insigne de massacrer des innocents, hommes, femmes et enfants, dans un attentat aveugle, stupide et insensé, sont des jeunes. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus, mais ma première réaction est de penser que ce ne sont pas des jeunes, mais des vieux, mieux encore, des trés vieux, si vieux qu'ils ne me semblent plus appartenir à la cohorte des vivants. La pulsion de mort est si forte qu'elle a étouffé toute pulsion de vie, ramenant l'existence à ce cauchemar climatisé où toute manifestation vitale s'apparente, à leurs yeux, à un attentat : comment pourraient-ils supporter que des gens s'amusent, fassent la fête, achètent, rient et dansent quand, pour ces enragés, tout est noir, que le noir est la seule couleur qui se puisse porter, la seule qui puisse exprimer l'humeur sombre et mélancolique de l'endeuillé. Car, endeuillés ils le sont certainement, mais nul ne sait de quoi. Soit, mais cela justifie-t-il le massacre ? Pourquoi faudrait-il emmener les autres dans la déréliction, répandre la peste, étendre le désert? Pourquoi faire payer sa souffrance au reste du monde ? 

La première dignité de l'endeuillé serait de vivre son deuil dans le silence de la méditation. S'il n'en peut venir à bout, qu'il se fasse aider. Mais entraîner autrui dans la mort ne résoud rien. On ne fait qu'ajouter le malheur au malheur, dans une spirale sans fin. 

On a le droit de haïr la société telle qu'elle est, avec son consumérisme frénétique, sa course insensée vers le rien, sa veulerie politique, sa foncière insanité, son vide idéologique. Nous sommes plus d'un à faire le même constat, mais nous ne prenons pas les armes pour cela, et surtout nous n'égorgeons pas des innocents. On peut invoquer mille justifications, elles ne justifient pas le crime de masse.

D'aucuns, délibérément, veulent créer la terreur. Ils pensent que par là ils induisent la peur, la panique, l'affolement. Mais voit-on un seul exemple où cette "politique" ait réussi ? Tout cela, au total n'est que misérable, prétexte futile à libérer les pulsions les plus archaïques dans un déchaînement absurde et sanglant.

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Commentaires
O
La foi religieuse a toujours généré le meilleur et le pire. Mais c'est à quoi les peuples s'adonnent pour se sentir en communion, ce qui favorise l'espérance que les politiques n'inspirent guère. Hélas, on n'enseigne pas la philosophie grecque aux écoliers; le pouvoir religieux ayant prêché pendant des siècle qu'elle devait servir la religion. Même si tout le monde n'y accède pas facilement, la pensée ayant sa source dans la philosophie à l'origine est pourtant la seule issue pour la pensée. Pensée que le pouvoir religieux a toujours remisé dans le grenier des accessoire, voyant bien le risque pour son pouvoir.
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K
Au contraire il est possible que la psychanalyse libère par la parole. Si les adeptes de l'Un pouvaient s'avouer les vrais mobiles qui les poussent à agir de la sorte... en verbalisant ils se libéreraient et verraient l'aspect délirant de leur vision de l'existence, verraient à quel point critique ils sont dans l'impasse, critique car mettant en danger ces autres qui ne partagent pas leur vision. Si Freud enseigne quelque chose ce serait de surmonter la honte du tout-dire, de se désensibiliser de l'impact des contenus de sa parole, de parvenir à un émiettement de son Moi, qui nest pas un drame, la fin du monde, mais le début d'une existence plus lumineuse. C'est en fait un chemin tout personnel. Et je crains que divers motifs et facteurs (à approfondir car l'analyse touche à la sociologie et d'autres disciplines) renforcent le recours à l'Un et la non-acceptation de la réalité multiréférentielle, multipolaire, pluraliste. Par paresse, renoncement, facilité, effet et pression du groupe, par bêtise, ignorance ou manque d'instruction, mimétisme... ou tout à la fois.
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K
Merci M. KARL pour ce texte. J’ai une grande rage en moi quand je vois l’état du monde. Je me dis qu’est-ce que je fais là ? Je me pose vraiment la question du sens de l’existence… ? Etc. Dois-je finir ermite et prendre la tangente ? Oublier l’homme qui est moi et revenir auprès du silence des bêtes. Enfin. Combattre la violence par la violence, la pulsion de mort par la pulsion de mort est une impasse. L'instruction serait l'un des réponses à cette folie. Rééduquer les hommes en proie à l’ignorance prendra du temps, voir des générations… Et pour tenir sur une telle durée, la foi, la confiance, la conviction, le dévouement, voir la croyance est nécessaire pour changer les esprits malades, sans garantie de réussite. De réussite il n’y aura que si notre pays a un projet collectif, un horizon auquel s’accrocher. Or, actuellement, c’est celui du consumérisme et de l’idéologie libérale. Et l’on n’est pas tous gagnants dans l’affaire. Il y a des gagnants mais aussi des perdants, frustrés, ayant échoués dans la sublimation, capables de passer à l’acte. Et puis notre pays a circonscrit l’influence de l’Eglise et la pensée catholique en devenant officiellement laïc en 1905 ! 2017 – 1905 = 112 ans seulement. Tranquillité qui n’est que de courte durée car un nouveau défi s’impose, c’est celui de l’islamisme politique qui veut conquérir l’Europe considérant la jurisprudence islamique comme plus importante que la jurisprudence des États membres de l'Union européenne (UE). Bref, c’est la souveraineté émanant d’une divinité contre celle émanant des hommes. Symptôme d’un phénomène encore plus grand qui est celui de la globalisation, d’un monde d’interdépendances économiques, politiques sociales et de libre circulation des hommes, marchandises, idées (représentations) et capitaux. Et face à cette réalité, certains s'arcboutent sur le fétichisme de l'Un, n’ayant pas le capital culturel pour bien l’appréhender, en tirer parti et y évoluer ou bien la refusant catégoriquement en portant des œillères ou en propageant la mort, puis la sienne propre.
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F
"On a le droit de hair la société telle qu'elle est...mais nous ne prenons pas les armes pour cela," ni ne nous défoulerons en votant pour le front national.<br /> <br /> Florent
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Y
Certes mon très cher Guy,<br /> <br /> Mais après ? Lorsqu'on a repéré la pulsion de mort à l'œuvre chez ces assassins ? Comment faire pour leur permettre de repérer en eux-mêmes cette pulsion archaïque qui les habite et qu'ils projettent sur les autres afin d'éviter leur propre conflictualité interne ? Certainement pas grâce à la psychanalyse pour trois raisons : la première parce que ces personnes ne demandent pas à être aidées, ils n'ont pas besoin de l'être puisque ce n'est pas en eux que réside le problème, c'est dans les autres, les "mécréants" comme ils disent. La seconde raison c'est que la psychanalyse n'est plus vraiment à la mode, même elle s'avèrerait nocive dixit les défenseurs des approches comportementales éducatives à l'œuvre dans l'autisme. Et troisièmement parce que le dispositif de la cure apparaît inopérant dans de tels cas. Comment faire rire un paranoïaque demande François Roustang ?<br /> <br /> Comme souvent, la réponse à apporter sera issue de réflexions multidisciplinaires. Aussi je crois que des groupes de travail de ce type ont commencé de réfléchir au problème et aux réponses à apporter : clinique du sujet dans les dimensions psychologiques, juridiques, sociologiques, identitaire etc ... Oh non le travail n'est pas achevé.
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