Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
Archives
Visiteurs
Depuis la création 1 056 029
8 août 2016

SERENITE, note du 8 août 2016

 

Il est beau d'atteindre à une relative sérénité, d'autant plus précieuse qu'elle fut chèrement acquise, et qu'on la sait infiniment fragile, suspendue aux aléas du sort, de la santé, de l'entourage, de l'état du monde. Faible brindille qu'un vent peut emporter. C'est quasi miraculeux pour qui se sent vulnérable, froissable, soumis à la destinée commune, sans forces ni ressources particulières, ordinairement exposé aux caprices de la fortune. "Hé quoi, dirait un fieffé stoïcien, la sérénité ne tient-elle pas à la force de caractère, à la clarté du jugement, à la conscience d'être un sujet de la raison universelle ? Bien vaine une sérénité qu'un simple coup du sort peut jeter à terre !" - Soit, il a raison sans doute, un vrai sage résiste aux événements, s'affirme dans l'adversité, et dans le tourbillon du monde surnage à la force du poignet. J'en conclus que je ne suis pas un sage, et un vrai encore moins. Je ne puis me dresser si haut, et, entre nous, je doute que quiconque le puisse, si ce n'est en imagination. Ces gens-là, à caresser l'idée de sagesse finissent par la confondre avec le fait, savoir, qu'ils tremblent, souffrent et meurent comme tout le monde. L'idée de sagesse, en somme, est un obstacle bien réel à écarter, comme toutes les grandes idées de la philosophie, qui ne font qu'embrûmer et abâtardir l'entendement.

Il faut se délivrer des idéaux, ils ne font qu'obstruer la perception de la réalité, nous faisant vivre, ou plutôt barbouiller dans un rêve de vie qui n'est pas la vie.

Ces derniers temps j'ai procédé à un curetage méthodique et général de mes représentations. C'est ma façon à moi d'être cartésien, loin au delà de ce que Descartes a cru faire. Mon travail a porté jusque dans les derniers recoins de l'imagination, fustigeant toutes les chimères, nettoyant les ultimes écuries de la vanité, de la piperie, de la suffisance et de l'illusion. J'ai établi pour mon usage une maxime selon laquelle il n'y a rien au delà de ce qui est, que tout ajout à la claire perception de la réalité est une invention du désir, une projection  imaginaire, un idéal pour sots, une machine à broyer la liberté, un mensonge théologique, une propagande politique ou idéologique. "Il y a " - tout ce qu'on y ajoute, comme l'Etre, la Substance, Dieu, Sens, Histoire, Foi, Progrès etc, est fumisterie, salmigondis, souricière et piège à rats. Le plus étonnant est qu'il y ait multitude pour s'y précipiter, s'y faire prendre. Mais soyons modeste : n'ai-je pas été, moi aussi, premier à m'y précipiter et m'y perdre ? C'est le lot commun, le plus commun, puisque nous sommes enfants avant que d'être hommes, soumis à la croyance commune, dépendants en toutes choses de l'entourage, nous fiant pour tout au jugement supposé sain de ceux qui font profession de savoir. Si sérénité il y a, c'est d'avoir su juger, condamner et bannir le fatras de l'héritage imposé. Après quoi on se met à respirer à pleins poumons, à crier sa joie, à clamer vers le ciel ouvert !

Quelque chose en moi sait cela de science sûre, et que nul bonimenteur, gourou ou charlatan ne pourra jamais plus y changer quoi que ce soit. A ma manière, je puis dire comme Siddharta Gautama : " La maison de Mara est détruite à jamais. Nul ne poura jamais la reconstruire".(Mara est l'agent de l'illusion et du mal, une sorte de Satan à l'indienne).

On voit que la sérénité est tout autre chose que la déception, ou le sentiment dépressif de perte irréparable. Certes la déception précède, elle est ce moment, parfois exagérément long et pénible à traverser, qui nous affecte à la découverte du mensonge, à l'effondrement de l'illusion. Si on y reste on est perdu. Aussi faut-il avancer, traverser le désêtre, assumer la destitution subjective, la perte universelle des espoirs, des objets et des idéaux, pour gagner l'autre rivage, la terre ferme et dépeuplée, vierge de concepts et d'idées, où les premiers pas d'une nouvelle aventure peuvent se graver dans le sol, dessinant pas à pas une route neuve et inouïe, entre soleil et terre, terre sans partage, coeur ouvert, libre de soi, enfin, disponible à de nouvelles aventures de rencontres, la mort derrière, la mort devant, deux morts bien différentes, réelles chacune, -conscient et lucide, sans révolte ni résignation, décidé à vivre ce bout de chemin entre les ronces et les fleurs, jusqu'au jour où l'esprit et le corps, indissolublement, sans reste ni regret, s'abîmeront dans le néant.

Publicité
Publicité
Commentaires
G
Aïe aïe ! Hélas que oui !
Répondre
T
Le dentiste, à lui tout seul, offre une excellente réfutation au doctrines stoïciennes...<br /> <br /> Me semble-t-il ! <br /> <br /> à bientôt à DAX !<br /> <br /> Tante Léonie
Répondre
Newsletter
154 abonnés
Publicité
Derniers commentaires
Publicité