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LE JARDIN PHILOSOPHE : blog philo-poiétique de Guy Karl
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22 juillet 2016

Le RADEAU et le RIVAGE : philo-sophie

 

Voici une évidence  : sujet, rejet. Ou, dans l'ordre chronologique : rejet, sujet. Le rejet c'est l'acte fondateur, c'est par là qu'il faut commencer. Ce qui n'implique pas qu'il faille y rester. Si le rejet est sincère et définitif il n'y a pas lieu de s'y éterniser. Ce qui est fait, bien fait, n'est plus à faire. L'autre jour une personne me demandait si la philosophie n'entraîne pas un questionnement infini, et tel qu'aucune réponse est à jamais impossible. Ce n'est pas mon avis. Quand un problème est clairement compris il passe derrière nous, s'effaçant de notre conscience. Pourquoi porter sur son dos tout le poids du monde? il faut s'alléger, apprendre à oublier, à se détacher : détournement catégorique.

Laissons tout benoîtement les cadavres pourrir !

La philosophie est certes fort utile et respectable, mais de par sa définition même elle est appelée à s'effacer, à se taire quand elle a rempli son office. C'est très exactement une mét-hode, un chemin (hodos) vers un autre lieu, un nouveau lieu. Dans la métaphore bouddhique nul ne songerait à porter sur son dos le radeau qui lui a servi à traverser le fleuve. Philosopher c'est se mettre en route vers la sagesse, soit que cette sagesse existât jadis et qu'il fallût la retrouver, soit qu'elle ne puisse se penser que dans un avenir immédiat. L'avenir lontain n'est pas à notre portée. En toute rigueur, la sagesse c'est maintenant, c'est l'acte par lequel nous devenons libres et actifs, dans l'instant même. Si nous réalisons cette ouverture la philosophie devient inutile.

Je n'en suis évidemment pas là. J'en suis toujours encore à traîner quelques boulets, mais de voir que j'ai su en déposer plusieurs et non des moindres, je me dis qu'il est fort possible d'aller outre, de continuer mon ramonage, mon curetage. Une certaine méthode d'assimilation, de digestion, d'élimination me devient de plus en plus familière, et j'y trouve un plaisir très neuf et allègre, élargissant à mesure mon espace de liberté. Je vois que ces images auxquelles j'ai jadis accordé quelque crédit ne sont que constructions mentales issues de l'inconscient collectif, ou du mien, qu'elles n'ont aucune consistance, et qu'à les regarder avec lucidité elles fondent comme neige au soleil. Tout le processus de libération se ramène à sonder la source et les modalités de l'attachement, à démystifier le mystère, lequel se ramène en définitive à un noeud très archaïque, un fantasme si l'on veut, cause et origine de tous les autres attachements : être aimé, être sécurisé, être reconnu et admiré, compter pour l'autre, en somme, et en un mot : être.

Avec ce levier l'autre fait de vous ce qu'il veut, et l'autre de l'autre plus encore : voilà le carnaval humain, le tourbillon social et politique, la géopolitique mondiale, et l'enfer universel.

Raisonnablement peut-on espérer quitter cet enfer ? Encore faut-il prendre conscience de l'enfer, ce qui est loin d'être acquis, si l'on voit combien nous y tenons, et tout en nous plaignant, quelle jouissance morbide nous en tirons. Mais la plainte fait partie de la jouissance, elle en est même une composante vérifiable. Il faut avoir atteint un degré extraordinaire de lassitude et de dégoût pour se décider au détournement catégorique. Ce n'est qu'alors qu'une mutation psychologique est possible. Alors on peut partir sans regret.

 

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